Le petit migrateur fait l’objet de nombreuses études. La dernière en date révèle que l’espèce serait en déclin de 2 % par an mais sans que cela remette en question son statut de conservation.
Rarement une espèce aura fait couler autant d’encre. Depuis des années, pro et anti-chasse au bruant ortolan, mènent un combat qui s’est parfois, hélas, terminé à la barre des tribunaux. Études et analyses se succèdent. Les politiques landais se mêlent au débat pour une dérogation attendue par quelque 400 chasseurs attachés à la culture locale. En vain, pour l’instant. À ce jour, les responsables de la Fédération départementale des chasseurs s’appuient sur le rapport final de l’étude sur la stratégie de migration de l’oiseau à l’échelle du continent européen publiée le 16 décembre 2016. Un comité scientifique composé de seize membres de différents pays parmi lesquels l’éminent professeur Frédéric Jiguet du Muséum National d’Histoire Naturelle, de deux observateurs (Régis Hargues, directeur de la FDC40 et Laurent Couzi de la LPO) ainsi que d’universitaires et autres spécialistes en ornithologie, a donc planché sur cet épineux dossier.
Au final, on apprend que les bruants ortolans migrant par le sud-ouest de la France proviennent pour 75 % de Pologne. Pour le reste, ils arrivent d’Allemagne, de Norvège et de Suède. Les ortolans russes empruntent la voie orientale et ne migreraient pas par la France. 81 000 couples passeraient par le sud-ouest de la France. Les populations continuent de diminuer chaque printemps et le déclin est estimé entre -20 et -30 % depuis 2000.
Vers un plan de gestion ?
Alors, le bruant ortolan espèce protégée en danger ? Pas forcément. Le rapport qui s’appuie sur une analyse du plumage mais aussi sur des photomètres de géolocalisation avec voies de migration, zones d’hivernage et sites de halte laisse une petite porte ouverte aux amateurs de matole. « La directive 79/409 prévoit les dérogations à l’article 9, tout cela est précisé dans le guide interprétatif signé en 2008 par l’État français et l’Europe, rappelle le président de la Fédération départementale des chasseurs, Jean-Roland Barrère. Que la LPO ne le reconnaisse pas, c’est son problème mais que l’Etat, qui en est le signataire ne l’applique pas, c’est incompréhensible ». L’espèce qui n’est pas classée
« en danger critique », mais « en préoccupation mineure », par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) emprunte deux routes principales lors de sa migration. Les ortolans russes suivent un itinéraire oriental et ne passeraient pas par la France pour rejoindre les hauts plateaux éthiopiens et érythréens. Bien qu’en déclin, ils représentent 90% de l’espèce. Les autres sont ceux qui empruntent la voie traversant le sud-ouest de la France et prennent la direction de l’Afrique de l’ouest pour hiverner en Guinée ou au Mali.
Parmi les effectifs voyageant par la voie occidentale, on dénombre 468 700 couples, soit environ 10% des ortolans européens, représentant un déclin estimé entre 10 et 20% entre les années 2000-2014. Chaque printemps, ce sont près de 1500 couples nicheurs qui ne seraient plus du voyage retour, soit 3000 ortolans adultes.
La chasse à l’ortolan qui fait partie de l’ADN des Landais a-t-elle un avenir ? L’Association départementale des chasses traditionnelles à la matole plaide pour un compromis et la mise en place d’un plan de gestion autorisant un quota de prélèvements à ne pas dépasser pour ne pas aggraver la situation. « Nous le ferons dans le respect des règles ». Les chasseurs savent se montrer responsables et conjuguer protection de l‘espèce et poursuite d’une pratique inscrite au patrimoine local.