Cinquante-cinq chevreuils à tirer, et seulement quarante quatre chasseurs dans l’ACCA ! Comment réaliser le plan de chasse ? En accueillant des chasseurs extérieurs pratiquant le tir d’été à l’approche. Une révolution au pays de la chasse en battue.
Même en ajoutant des chasseurs voisins de Brizambourg, l’ACCA d’Écoyeux arrive péniblement à quatre-vingt-quatre fusils. Et encore, parmi eux, certains ne sont pas du tout intéressés par le grand gibier, ou vont chasser ailleurs. Devant la hausse des dégâts dans les vignes (jusqu’à quatorze-mille euros pour un seul dossier) et l’augmentation des populations, l’ACCA a eu jusqu’à quatre-vingts animaux à prélever. Le président Gérard Prunier a donc été un des premiers adhérents à « Chasse Vacances », l’opération estivale d’accueil de chasseurs venant d’autres régions.
Comment ça marche ?
C’est très simple. Depuis 2009 la Fédération de Charente-Maritime reçoit les demandes des chasseurs extérieurs. Puis elle les répartit entre les ACCA partenaires, plus d’une trentaine (37 ACCA cette année). Une convention est alors signée fixant le prix du service assuré au chasseur (30 €) celui de la carte et du bracelet (150 €). Le chasseur extérieur règle à la Fédération qui reverse le montant du bracelet et de la carte revenant à l’ACCA. Pas de bénéfice, pas de « revente commerciale ». Tout est transparent, au juste prix. La Fédération trouve les chasseurs. Pas les mêmes chaque année, et pas plus de deux bracelets par personne pour qu’un maximum de chasseurs puissent en bénéficier. Le tir d’été se pratique du 1er juin au 31 août. Uniquement sur le brocard et le renard. Cette saison l’ACCA d’Écoyeux met dix bracelets à la disposition de la Fédération.
L’approche
Jean-Paul Jouve vient du Puy-en-Velay, en Haute-Loire. Depuis 2013 il a appris à connaître les ACCA d’Écoyeux et du Douhet. Ce 4 juillet, comme la veille, il s’est levé à cinq heures du matin et a quitté doucement sa chambre d’hôte voisine pour se rendre sur l’exploitation de Gérard Prunier. Discrètement il a parcouru tout le territoire pour bien reconnaître les limites, les routes, les différentes parcelles de vignes, de champs et de bois, surtout là où il y a des dégâts. Il observe les déplacements d’animaux, leurs passages, sans se faire remarquer, notant tout dans sa mémoire. Dès que le soleil est un peu haut, il rentre discuter de ce qu’il a vu avec le maître des lieux et son fils. Il se mettra à l’affut et tirera le soir, quand les animaux recommenceront à bouger après la chaleur du jour.
Une relation de confiance
Pour Gérard Prunier, le chasseur extérieur doit aimer la chasse, s’investir sur le territoire, avoir une bonne mentalité. En deux mots, il aime bien pouvoir choisir qui vient chez lui. Cela n’évite pas les questions des adhérents de l’ACCA : « V ous tuez tous les brocards, les femelles ne seront pas pleines ! O n ne sait pas ce qu’ILS fonts tout seuls ! » Que les adeptes de la battue se rassurent. Sur les 6505 chevreuils prélevés dans le cadre du plan de chasse 2016-2017, seule une centaine a été tirée par des chasseurs à l’approche venus de départements lointains.