Rencontre : L. Willnegger, secrétaire général de la FACE

Ludwig Willnegger, fraichement élu secrétaire général de la Fédération des associations de chasse et conservation de la faune sauvage de l’Union européenne (FACE), a accepté de répondre à nos questions. Ludwig Willnegger détient la double nationalité allemande et belge, est diplômé en sciences agronomiques et en droit. Il a obtenu son permis de chasse en Bavière à l’âge de 16 ans et a grandi dans une exploitation agricole, au sein d’une famille qui perpétue la tradition de la chasse depuis de nombreuses années. « La chasse est l’une des expressions du patrimoine culturel européen »n a-t-il indiqué lors de son investiture. E d’ajouter : « L’avenir de la chasse passera par un lien plus étroit entre l’homme et la nature, des actions responsables, ainsi que par la mise en œuvre de politiques durables.»

La nouvelle Directive armes est-elle une victoire pour les chasseurs européens ?
Nous défendons au quotidien les intérêts des chasseurs, mais également de tous ceux qui dépendent de l’économie cynégétique. Le sujet de la directive armes a donné lieu à un vote final en date du 25 avril 2017. Quant à la directive, elle est déjà publiée depuis le 17 mai. Pour la FACE, le rejet des amendements (visite médicale, interdiction des armes de catégorie A et Licence de minimum 5 ans) concernant la directive armes au mois de mars dernier est une victoire et le résultat d’un vrai combat. Rappelons que les propositions faites dans le cadre de cette révision étaient particulièrement liberticides envers les chasseurs, les tireurs sportifs mais également envers les fabricants. Nous avons su faire entendre notre voix et faire comprendre que de telles mesures ne feraient que punir les personnes dans la légalité et ne lutteraient en rien contre les risques réels liés à l’usage d’armes prohibées et illégales à des fins notamment de terrorisme.

 

« Notre leitmotiv reste de défendre au mieux les intérêts des chasseurs européens et la biodiversité pour laquelle ils œuvrent au quotidien. »

 

Quelles mesures sont prises pour lutter contre la peste porcine ?
La peste porcine a fait l’objet d’une conférence que nous avons co-organisée avec le Conseil International de la chasse et de la Conservation du gibier le 6 avril dernier. Durant cet atelier nous avons discuté de la nécessite de « préparer » les chasseurs à cette potentielle pandémie que représente la peste porcine. Pour rappel la peste porcine africaine est une maladie hautement transmissible qui touche les cochons d’élevages mais également les sangliers et cochons sauvages. L’impact sur la santé publique, la nature mais également l’économie est potentiellement énorme. Le risque pandémique est fort, depuis 2011 de nombreux cas ont été recensés dans les pays de l’Est, de récentes recherches ont montré toute l’étendue de la maladie et la forte probabilité de la voire s’étendre jusqu’à l’Ouest du continent Européen. Nous sommes préoccupés par la manière dont les consignes vont se mettre en œuvre à échelle nationale. De quelle manière les recommandations concernant la chasse, la gestion des carcasses mais également les questions de financement et de communication seront traitées. Nous faisons actuellement pression sur la Commission pour que des fonds pour combattre cette maladie soient débloqués.

Quelles sont les priorités de la FACE actuellement et pour l’année à venir ?
Nos combats et objectifs sont nombreux et notre leitmotiv reste de défendre au mieux les intérêts des chasseurs européens et la biodiversité pour laquelle ils oeuvrent au quotidien. L’année 2017 a donné lieu à de nombreux échanges et de belles réussites, 2018 s’inscrira dans la continuité des projets menés. Nous poursuivrons le travail débuté sur le dossier complexe et riche des espèces migratrices, c’est autour d’un travail de terrain et de la valorisation du rôle des chasseurs en tant que sentinelle de la nature que nous avancerons sur le sujet. La cohabitation avec les grands carnivores d’Europe sera également l’une des thématiques qui trouvera une continuité dans notre planning de travail de 2018. Le sujet a été récemment présenté en conférence et de nombreuses propositions pour faire face à la grande proximité entre les activités humaines (l’urbanisme grandissant) et les populations de grands carnivores ont été proposées. Afin de mieux comprendre l’étendue de ce problème et d’y apporter des solutions réalistes et applicables nous prévoyons notamment d’établir en collaboration avec WWF une cartographie des « zones de conflits ». Nous poursuivrons également notre travail autour de problématiques aussi divers que les chasses traditionnelles, les armes à feu et la question des munitions, la santé et le bien être animal mais également les questions liées à la biodiversité, l’agriculture et l’utilisation des terres ou encore l’importation de trophées de chasse. Les problématiques sont variées et nous comptons bien cette année encore faire entendre la voix des chasseurs d’Europe sur les différents sujets qui ont trait à cette nature qu’ils défendent et aiment tant ! Pour finir la FACE investira plus de ressources en communication, notamment auprès des associations de chasse régionales, locales et auprès des chasseurs eux-mêmes.

La FNC s’est un peu fâchée l’an dernier… Qu’avez-vous l’intention de faire pour ne pas perdre le soutien du premier pays d’Europe en nombre de chasseurs ?
En effet, les relations entre la FNC et la FACE ont été tendues. Mais nous allons trouver une solution cette année. Nous travaillons beaucoup, nous sommes une petite équipe et nous disposons d’un budget de +/- 900 000 euros. C’est peu par rapport aux 40 millions d’euros que se partagent les 15 plus grosses ONG de défense de l’environnement type Greenpeace ou Birdlife… Mais je partage l’opinion de M. Schraen et la FACE va muscler son travail de lobbyiste. C’est vraiment notre objectif aujourd’hui. Nous renforçons aussi nos relations avec les hauts fonctionnaires, avec la presse cynégétique et les représentants à l’Agriculture. Car là encore nous partageons l’avis de la FNC sur le rôle que joue l’Agriculture dans la baisse du petit gibier… Si l’on a le soutien de tous nos membres, y compris les plus modestes, nous allons pouvoir avancer véritablement.

Recueillis par Sébastien LAHALLE

NB : Fédération des associations de chasse et conservation de la faune sauvage de l’Union européenne (FACE ).

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