Une fable méconnue de monsieur de Lafontaine ? Non. Simplement l’histoire et l’inquiétante morale de la directive Nitrate appliquée dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC).
Depuis 2005, une menace pèse sur les populations de ramiers (Columba palumbus) lors de la période d’hivernage. L’application des mesures de la BCAE (Bonnes conditions agricoles et environnementales), instaurées dans le cadre de la PAC, suivie en 2009 par la directive Nitrate, impose aux exploitants agricoles de couvrir leurs sols pendant l’hiver. Ces derniers ont le choix entre deux opérations qui doivent être réalisées juste après les récoltes : implanter une culture intermédiaire ou broyer finement les chaumes de maïs grain, tournesol ou sorgho avant de les incorporer au sol. Cette opération permettrait de détruire jusqu’à 70% des larves de pyrales et de sésamies et de piéger jusqu’à 30 kg d’azote par hectare.
Menace pour la gestion cynégétique
Si son impact sur les qualités physiques et biologiques du sol semble réel, le broyage et l’enfouissement des chaumes et grains de maïs (mulching) aurait des répercussions directes dramatiques, non seulement sur les populations de ramiers mais aussi sur d’autres espèces (grues cendrées, oiseaux granivores entre-autres). En effet les chaumes de maïs constituent une ressource de alimentaire essentielle en période hivernale.
Nouvelles dérogations ?
De par sa situation géographique, une grande partie de la nouvelle région ALPC (Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes) est une aire d’importance pour la population de pigeons ramiers. Dans un premier temps, des mesures dérogatoires sur le non-enfouissement des résidus de cultures ont été accordées après négociations sur l’ensemble des zones de dortoir de la palombe, notamment en Aquitaine. Dérogations qu’il est nécessaire de reconduire afin de protéger les zones de gagnage du pigeon ramier. Sans dérogation, la morale de l’histoire pourrait vite devenir « Et à défaut de trouver table ouverte dans ses zones de prédilection, le bel oiseau bleu s’envola pour d’autres destinations ». Si rien n’est fait l’enfouissement des résidus de récoltes pourrait signifier à terme l’enterrement de la chasse à la palombe.