Les glands jouent un rôle primordial dans l’évolution des populations de sangliers.

Dégâts : un observatoire pour comprendre

Malgré des prélèvements record de sangliers, les dégâts ont augmenté en début de saison. La fédération intègre un observatoire pour comprendre et chercher des solutions.

Les populations de sangliers progressent partout. Le constat est indéniable. Pourquoi ? Là, c’est le flou. Les hypothèses sont légion mais, pour les certitudes, il faudra encore attendre ! Ce qui ne fait évidemment pas l’affaire des gestionnaires des territoires. « On semblait bien maîtriser nos populations depuis quelques temps », constate le directeur de la fédération, Maxence Ronchi. « On avait fait encore des prélèvements record, grâce en particulier au classement nuisible du sanglier en mars.

Mais tout s’écroule. L’importante fructification forestière de la saison dernière a boosté les naissances. Et cette saison le mauvais temps a retardé la levée du maïs alors que la nourriture en forêt chutait fortement. Évidemment, les dégâts sont en hausse. On est passé de 1ha de semis de maïs détruits l’an dernier à 164 ha cette saison ». Les prairies sont aussi malmenées, 117 ha détruits contre 90 l’an dernier. « La facture sera lourde ! ».

L’étude des laies
Pour, sinon tout comprendre, du moins apprendre pour prévenir, la fédération a intégré un observatoire constitué par l’ONCFS avec l’ONF et les fédérations dans plusieurs départements. En Vienne l’étude porte sur le milieu ouvert, celui de la forêt de Moulière, et durera trois saisons. Comme pour d’autres espèces, on va travailler sur les ICE, les indices de changements écologiques. « Avec la domaniale, les chasses privées et les ACCA, on étudie les animaux prélevés », explique Bruno Denjean, le technicien chargé du dossier. « La saison dernière, 250 sangliers ont été étudiés (poids, âge, etc.) avec, surtout, les tractus de 49 laies de plus de 25 kg. 21 étaient gestantes et elles portaient 126 embryons ». Cette saison les prélèvements continuent. « Les territoires jouent bien le jeu et on peut récolter toutes les données nécessaires ».

Glands et châtaignes
Gros travail aussi en forêt. « Avec Maxime Felder de l’ONF, on étudie l’état de la fructification forestière. L’an dernier, la glandée était répertoriée forte. Cette année elle sera faible. On étudiera aussi la saison prochaine les châtaigniers », explique Bruno Denjean. On va pouvoir étudier ainsi, le rapport entre l’état de la glandée et la reproduction. « Il semble que ce soit elle qui déclenche la mise en chaleur des laies et, quand elle est forte, on peut avoir jusqu’à deux portées par an. Si elle est faible, il y auto-régulation, destruction des foetus ». « Il y a de très gros spécimens mais aussi une multitude de petits », constate Jean-Pierre Cariot, l’un des chasseurs qui collabore avec la FDC sur cette étude. Confirmation du rapport glandée – reproduction donc. « Si ces données se confirment, on pourra être plus réactifs à l’avenir, alerter très tôt les sociétaires sur le danger potentiel », souligne Maxence Ronchi.

Bernard Billy