La Creuse a été le théâtre d’une opération de grande envergure, le comptage des cerfs sur un territoire couvrant une quarantaine de communes. Plus de 1400 animaux ont été recensés.
Mobilisation générale pour déterminer la population de cerfs élaphes aux confins de la Creuse et de la Corrèze, début octobre. Imaginez un millier de personnes qui quadrillent 43 communes (1) à l’affût des cervidés, sur une surface de 123 000 hectares (dont 60 253 hectares de surface boisée cadastrée). Il s’agissait du plus grand comptage jamais réalisé en France. Evidemment, les chasseurs locaux étaient les premiers à répondre à l’appel et ont représenté les deux tiers du contingent. Les effectifs élevés durant tout le week-end ont permis de sillonner un plus large territoire que lors de la précédente édition en 2012, 500 secteurs contre 441. Résultat, ce sont trois fois plus d’animaux qui ont été repérés. 1 422 animaux ont été vus (133 en Corrèze et 1 289 en Creuse) contre 574 en 2012 (54 en Corrèze et 520 en Creuse). Pour continuer sur les chiffres, ont été identifiés 428 mâles, 616 femelles, 283 faons (et 95 animaux non identifiés). Le cerf se plait dans ce coin du sud de la Creuse qui répond à ses besoins d’espace et de nourriture. En effet, cette espèce peut évoluer sur un territoire avoisinant les 3 000 hectares et se déplacer sur plusieurs dizaines de kilomètres pour trouver des lieux de nourrissage plus riches.
Rigueur obligatoire
Ce grand comptage qui a lieu tous les six ans nécessite un grand sérieux car en découlera une photo précise de la population des cerfs sur cette unité (voir encadré « Un suivi du cerf unique en France »). Il complète les opérations d’écoute du brame et le comptage au phare réalisés durant l’année. On cherche ici à affiner le recensement de façon qualitative, à évaluer la structure des populations (mâles, femelles, jeunes) et leur localisation. On comprend donc mieux pourquoi la présence des chasseurs était essentielle parmi les « compteurs » car ils connaissent parfaitement le territoire (le comptage a eu lieu sur 77 territoires de chasse). Les interprétations des résultats sont un moment délicat qui dépendent directement d’une grande qualité des observations de terrain. Évidemment, les cerfs se déplaçant beaucoup, il convient de vérifier qu’ils ne sont pas comptés plusieurs fois. L’observation est réalisée sur les places de brame, mais aussi en périphérie de celles-ci lorsque les places ne sont pas parfaitement définies. Quatre observations consécutives (le matin de 6h30 à 9h et le soir de 17h30 à 20h), ont été effectuées par la même équipe, composée de deux observateurs sur des secteurs d’une centaine d’hectares au maximum. Il va sans dire que la chasse était interdite ce week-end là.
Un plan de chasse au plus près de la réalité
Grâce à ces données précises, la Fédération des Chasseurs de la Creuse est à même d’établir un plan de chasse réaliste. Avant 2004, l’enjeu portait essentiellement sur une colonisation du secteur. Puis, jusqu’à cette année, l’objectif visait à augmenter les attributions pour contenir les populations. Prochaine étape, arriver à une stabilisation des attributions. Posséder des données chiffrées permet ainsi de remplir l’objectif que s’est fixé la Fédération des Chasseurs de la Creuse. Le système actuel se limite à des bracelets indifférenciés. Il repose sur une concertation locale (chasseurs, forestiers, agriculteurs, élus…) pour les attributions et sur la prise en compte des animaux selon un barème de points. Ainsi, chaque attribution donne droit à cinq points. Selon l’animal prélevé, deux à dix points sont retirés, ce qui, in fine, permet d’équilibrer les prélèvements dans les classes d’âge et de sexe.
Delphine Cordaz
(1) 43 communes dont 12 en Corrèze et 31 en Creuse contre 39 lors du comptage de 2012 (10 en Corrèze et 29 en Creuse)