La Fédération des Chasseurs de la Dordogne (FDC24) mène de front la régulation des populations de grands gibiers et l’indemnisation des dégâts engendrés par leur présence. État des lieux avec Michel Amblard, son président.
À partir de quand le Périgord a-t-il dû faire face aux problèmes liés au grand gibier ?
Les cervidés ont dans un premier temps fait leur apparition très localisée dans les années 1960. On les trouvait alors notamment sur les secteurs du Sarladais et du Jumilhacois ou encore dans le massif de la Double. Leur présence s’est peu à peu généralisée sur notre département mais a pu être limitée avec l’élaboration de plans de chasse. Le sanglier est arrivé un peu plus tard mais là c’est plus compliqué… Surtout en zone périurbaine.
Comment les Fédérations ont-elles été contraintes d’indemniser des dégâts de gibier aux cultures ?
En décembre 1968, la loi des finances donne la responsabilité d’indemniser les dégâts au Conseil supérieur de la chasse, après que les agriculteurs aient abandonné leur droit d’affût. au bénéfice des indemnisations. La loi des finances de 1978 prévoit l’instauration de plans de chasse gérés par l’ONC (créé en 1972). Cette loi a rapidement défini les lignes d’un système plus juste et économiquement plus équilibré. Suite aux lois de juillet 2000 et février 2005, la gestion des plans de chasse est déléguée aux fédérations départementales des chasseurs en tant que mission de service public. C’est un compte spécifique « dégât », alimenté par les bracelets payés par les sociétés de chasse, groupements, propriétaires, etc. ainsi qu’une cotisation de timbres grand gibier payée par chaque chasseur de grand gibier. Ce compte permet d’indemniser les dégâts aux agriculteurs.
Les dégâts ne sont pas les seuls à être pris en charge… Qu’existe-t-il comme mesures pour les agriculteurs ?
La fédération subventionne une partie des systèmes de protection, telles les clôtures électriques, mis en oeuvre pour protéger les cultures. Il faut noter que ces subventions sont plus importantes pour les installations de protection permanentes autour des cultures sensibles, notamment pour les vergers, les fraisiers, la vigne et les autres cultures spécialisées.
Justement, quelles sont les cultures les plus fragiles et quelles sont les espèces concernées ?
Toutes les espèces apprécient le maïs, blé et autres céréales, en général à un stade de croissance précoce, avant germination. Les jeunes fruitiers intéressent beaucoup les cervidés, comme les chevreuils sur la vigne en « débourrement ». Les sangliers et les blaireaux sont friands de maïs en lait et de raisin et les chevreuils se régalent des fraisiers dans toutes leurs étapes de développement, fructification comprise.
Et pour la régulation cynégétique des populations ?
Pour revenir aux plans de chasse, il prend en compte les comptages et les dégâts. C’est devenu un outil incontournable en matière de gestion des populations de grand gibier. Avant arrêté préfectoral, les attributions de bracelets font l’objet de concertations préalables avec les demandeurs et la FDC , qui mettent sur la table les bilans et les souhaits des SCC . Ensuite, la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDC FS) fixe les attributions avec des minimums à réaliser : 65 % pour les sangliers, 70 % pour les grands cervidés et 80 % pour les chevreuils. Les prélèvements autorisés s’échelonnent par ailleurs à plusieurs niveaux – quantitatifs et/ou qualitatifs selon qu’il s’agisse de chevreuils, de sangliers, de grands cervidés, de mouflons et de daims.
Des cas particuliers pour la Dordogne ?
Oui. Avec, sur les « points noirs », une sur-attribution (pourcentage variable d’une année à l’autre, selon les réalisations de la saison écoulée) pour les sangliers, avec possibilité de recours toute la saison de chasse et la possibilité de chasser en battue et à l’approche tous les jours. Exception également sur les secteurs viticoles et arboricoles du Bergeracois et du Beaumontois… Là, le plan de chasse stipule la noninstallation de populations de grands cervidés et dispense un bracelet unique pour les espèces à prélever.