Fin 2015, un contrat agro-cynégétique a été signé entre les exploitants agricoles du secteur de Brigueil, les chasseurs du territoire et la Fédération départementale des chasseurs de la Charente. Ce groupement réunissant 7 territoires de chasse s’étend sur 3 communes – Brigueil, Saint-Christophe et Montrollet – situées dans le Nord- Est du département. L’objectif prioritaire de ce contrat est de mobiliser l’ensemble des partenaires pour limiter les dégâts occasionnés par les populations de grand gibier, principalement de sangliers. Même si il est encore trop tôt pour mesurer l’impact réel de cette mobilisation, on observe déjà beaucoup moins de demandes d’indemnisation…
Au-delà de l’initiative commune entre chasseurs et agriculteurs, qu’il convient de saluer, la mise en place de ce contrat et la mise en oeuvre de ses actions répond à une urgence. Le secteur de Brigueil se compose notamment de près de 1 000 ha boisés. Une très forte concentration de sangliers a élu domicile dans ce petit paradis bordé de champs de céréales. « Il fallait trouver une solution très rapidement. Les populations de sangliers ne cessaient de s’accroître et les agriculteurs subissaient des dégâts énormes sur leurs cultures. A l’initiative de la Fédération départementale, tous les acteurs se sont donc tous réunis pour initier un contrat de gestion », indique Stéphane Bernard, agent de développement à la Fédération des chasseurs.
Des actions coordonnées et solidaires
Ce contrat est, dans ces termes, une nouveauté. Car même s’il existe déjà des accords de gestion locale du même type depuis une dizaine d’années, cette fois la contractualisation et le rôle de chacun sont clairement définis. « Ce contrat va au-delà du simple accord. C’est une réelle prise de conscience commune, la mise en place d’actions coordonnées dans un esprit d’équipe, de solidarité et de partenariat », souligne Bruno Granet, secrétaire de l’association de chasse de Montrollet et membre de l’association des chasseurs de grand gibier de Charente.
Chacun s’engage donc dans un esprit commun de conservation d’un niveau de population – notamment de sangliers – en cohérence avec la capacité d’accueil de son territoire, et dans un objectif de limitation des dégâts. Des tirs d’affût et tirs d’approche sont mis en place dès le 1er juin, ainsi que des battues coordonnées dès le 15 août. Plusieurs dizaines de kilomètres de clôtures et de clôtures électriques ont été installées, 280 ha de champ de maïs ont été mis en protection. Du répulsif a aussi été utilisé afin de limiter les dégâts au semis. Le contrat agro cynégétique a été signé en novembre 2015 pour une validité jusqu’au 30 juin dernier, puis reconduit pour une période de deux ans, jusqu’au 30 juin 2018. Il reste perfectible et il est encore trop tôt pour confirmer sa pleine efficacité. Cependant, les demandes d’indemnisation ont déjà fortement diminuées, notamment pour les dégâts sur le semis. « Bien sûr, comme pour tout accord, nous avons du faire face à un ou deux réfractaires. Mais il s’agit toujours de conflits de personnes. Pour l’instant tout n’est pas résolu mais si tout le monde joue le jeu, je pense que cette initiative sera très vite efficace et qu’il peut être intéressant de l’étendre à d’autres territoires », précise Jean-Louis Trouillaud, délégué de l’unité de gestion sanglier.