Dans la tourmente de la tuberculose bovine

Les chasseurs sont présents au sein du Cropsav. Ils y travaillent sur les politiques sanitaires concernant la faune sauvage. Et notamment la tuberculose bovine.

La tuberculose sévit dans des élevages bovins du sud Charente. Chaque fois, l’administration applique la loi : abattage de la totalité de tous les animaux du cheptel atteint, désinfection et recherche de la source de la maladie. Elle indemnise aussi les éleveurs pour les aider à reconstituer le troupeau perdu. Mais à un tarif le plus faible possible, en l’occurrence sur des références datant de 2001, qui sont souvent assez éloignées de la valeur réelle et actuelle des animaux.

Le nombre de cheptels touchés et la proximité entre eux amènent à croire que la faune sauvage est peut-être responsable, dans certains cas, de la contamination. Les éleveurs, qui ne savent plus à quel saint se vouer, ont parfois tendance à accuser les chasseurs. Les choses sont telles qu’elles pourraient s’envenimer entre les deux mondes. Mais il existe une instance, le Cropsav, pour discuter ensemble, mettre en place les politiques sanitaires et rappeler les moyens de lutte mis en œuvre contre la maladie.

En Poitou-Charentes, le représentant des chasseurs au Cropsav est William Boiron. Il est l’homme de la situation, maire de sa commune, Nalliers, administrateur de la Fédération des chasseurs de la Vienne et également éleveur.
« Les chasseurs sont toujours montrés du doigt », regrette-t-il. « C’est eux qui sont mis en cause. » Il rappelle que si elle a bien ce rôle de réguler le gibier et les nuisibles, elle n’en est pas propriétaire comme l’est un éleveur de ses vaches. Elle ne peut pas être tenue pour responsable de tous les maux des agriculteurs.

« Mais qui paie ? »

« Il y a aujourd’hui une catégorie d’agriculteurs qui ne supportent plus rien », reconnaît-il. « Ils voudraient ne plus voir aucun animal sauvage sur leurs terres… » Les griefs se sont encore accrus en Poitou-Charentes à cause des cas de tuberculose bovine dans le sud de la Charente. Ces a priori rendent sa présence d’autant plus nécessaire au sein du Cropsav.

William Boiron y rappelle ce qui est fait par les chasseurs dans le cadre du plan de lutte Sylvatub : analyses de blaireaux morts aux bords des routes ou piégés dans leurs terriers, collecte des viscères du grand gibier pour qu’ils soient analysés. Il faut parfois aussi calmer les ardeurs d’une administration qui a parfois tendance à brandir le principe de précaution et à aller au-delà de ce qu’exige la réglementation par crainte d’être ensuite d’être accusée d’avoir failli.

« Le chasseur est considéré comme la “sentinelle de la nature” », souligne-t-il. « Collecter et faire analyser les viscères, ça a un coût ? Mais qui paie ? »
Il observe aussi que le passage du niveau d’alerte 2 au niveau 3 pour la Charente-Maritime entraîne des contraintes et des coûts supplémentaires ? « C’est facile pour un fonctionnaire de décréter des nouvelles mesures alors que l’administration n’a rien à payer… » Et il ajoute :
« S’il y a trop de contraintes, cela devient contre-productif. »


Alerte maximum en Charente-Maritime

En août dernier, la Charente-Maritime est elle aussi passée en niveau d’alerte 3. Pas du fait d’un élevage bovin contaminé ni de blaireaux de son territoire qui auraient été détectés positifs, mais parce que les viscères d’un sanglier chassé en Charente ont été positifs lors des analyses. Ce sanglier ayant été tué près de la limite avec la Charente-Maritime, cette dernière est elle aussi passée au plus haut niveau d’alerte.
Depuis, en plus des collectes et piégeages de blaireaux, elle doit aussi faire analyser les viscères de sangliers. Sur les quelque 60 blaireaux ramassés au bord des routes ou piégés depuis 2013 en Charente-Maritime, aucun n’était porteur de la tuberculose. Plusieurs sangliers et un chevreuil également analysés à la suite de doutes par les chasseurs qui les avaient tués ont également été analysés. Eux aussi étaient tous négatifs. 580 chasseurs ont été formés dans le but de détecter d’éventuelles anomalies sur les viscères du grand gibier.


Myriam GUILLEMAUD

Partager cet article

Facebook
Twitter
Email