En plus du permis de chasse, les archers doivent aussi obtenir une attestation de formation. Plus de mille personnes ont déjà été formées dans la région.
Tout chasseur à l’arc doit, avant de pouvoir décocher sa première flèche, obtenir son permis de chasse. Même s’il n’utilisera plus jamais ensuite une arme à feu. L’obtention du permis de chasse s’accompagne pour lui d’une attestation de formation obligatoire prouvant qu’il connaît les bases de son mode de chasse et de sa réglementation. Cette formation est gérée par les fédérations départementales de chasseurs.
Quand la chasse à l’arc a été légalisée par
arrêté, les candidats étaient encore peu nombreux, une vingtaine par an pour l’ensemble de Poitou-Charentes, et la formation était
organisée à l’échelle régionale. Puis l’arc a fait de plus en plus d’adeptes et elle s’est alors
départementalisée, même si elle aborde exactement les mêmes thèmes où qu’elle se déroule. Chaque fédération fait appel à des instructeurs eux-mêmes formés par la Fédération nationale des chasseurs à l’arc, qui définit les programmes enseignés. Au total, ce sont plus de mille
personnes qui, depuis vingt ans, ont suivi ces formations.
Sans oublier
l’indispensable entraînement
« C’est le seul mode de chasse à tir où deux permis sont nécessaires », souligne Benoît Rinquin, chasseur à l’arc et instructeur en Charente-Maritime. La formation porte sur les différents types d’arcs et de flèches, sur les lames et leur affutage, l’anatomie des animaux, les tirs à proscrire (par exemple, un chevreuil de face ou de derrière, un animal derrière un buisson dont les ramures risquent de dévier la flèche…).
En plus de l’attestation obligatoire, l’association régionale propose aussi deux jours de formation complémentaire. Des ateliers permettent d’apprendre à affûter ses flèches, à en améliorer le poids, à approfondir les connaissances sur les comportements animaux. Là, seuls les plus motivés sont au rendez-vous. « Nous conseillons aussi aux gens de passer d’abord par des clubs de tir pour apprendre la bonne position, la décoche, l’ancrage », indique Benoît Rinquin, qui considère que cet apprentissage nécessite six mois supplémentaires pour que l’archer se sente à l’aise avec son arc et ses flèches.
Qui sont les nouveaux archers ?
Certains passent l’attestation de chasse à l’arc sans nécessairement pratiquer ensuite ce mode de chasse. La formation est pour eux une sorte de première approche, une façon de voir de quoi il retourne. Ou encore de se dire que le permis est dans la poche et qu’il sera toujours possible de s’y lancer plus tard. « Beaucoup arrêtent très vite », souligne cependant Benoît Rinquin, « souvent des gens qui s’étaient fait une fausse idée de la chasse à l’arc. Ou d’autres encore arrêtent parce qu’ils n’ont rien tué la première année. Ça les démotive. » L’instructeur de
l’Association régionale des chasseurs à l’arc estime que seulement 10% des gens qui ont obtenu l’attestation de formation obligatoire s’accrochent à leur arc.
« Ceux qui font ça seulement pour essayer ne font pas long feu », renchérit Eric Berland, président de l’association régionale des chasseurs à l’arc, « à cause du temps d’entraînement, du peu de résultats, de la rareté des prises. Ceux qui chassent à l’arc le font par passion. »
Il y a cinq ou six ans, la chasse à l’arc a connu une subite montée de ses troupes. Les nouveaux archers ont afflué… Mais beaucoup ont vite abandonné. « Il y avait du pire et du meilleur », reconnaît un des plus anciens. La nécessité de s’entraîner très régulièrement et le fait de revenir bredouille en ont lassé plus d’un…
Du fusil à l’arc
Parmi ceux qui s’y mettent sérieusement, 3 % viennent du tir sportif, et plus particulièrement du tir en 3D, pour lequel la cible classique est remplacée les plus souvent par des reproductions d’animaux. « Ce sont des gens très bons à la cible », note Eric Berland, « et qui ont envie de tirer sur quelque chose qui bouge, qui vit. Et qui leur donne l’occasion de gérer l’émotion. »
Mais le plus grand groupe parmi ces nouveaux chasseurs à l’arc sont des chasseurs au fusil. Ils constituent en effet 90 % des troupes. « Ils
disent eux-mêmes qu’ils ont perdu l’émotion au fusil, qu’ils se sentent blasés. Et qu’ils viennent à l’arc pour retrouver du plaisir. » Petit clin d’oeil au monde des chasseurs classiques qui tend à voir ses troupes se réduire, celui des chasseurs à l’arc, lui, est en pleine
expansion.