Le 20 août, colza et millet dépassaient déjà nettement les chaumes pour la plus grande satisfaction de Nicolas Fuzeau.

Une méthode efficace de semis des CIPAN

À Chenay, Nicolas Fuzeau implante efficacement ses intercultures en faisant des économies.

L’heure est aux économies chez les agriculteurs. Les produits des céréales stagnent ce qui les incite à limiter leurs dépenses, de gazole en particulier. À Chenay, Nicolas Fuzeau exploite 240 ha de céréales, blé, tournesol et colza. « C’est ce qui est le plus productif dans nos terres très difficiles à travailler ». Depuis plusieurs années, il a supprimé les labours. « J’effectue une simple destruction mécanique de la végétation avant les semis. Ce n’est vraiment que si la parcelle s’est salie, que je suis obligé de passer un tour de glyphosate ». Il est non chasseur, mais il a accepté de travailler avec les techniciens de la fédération, pour implanter des intercultures favorables à la biodiversité. « L’an dernier j’ai consacré 40 ha et cette année 30, soit la totalité de mes surfaces de CIPAN ». Mais c’est surtout sa méthode de travail qui mobilise l’attention.

Semis avant moisson
« C’est un moyen simple, efficace et, surtout, très peu onéreux », explique-t-il. Il prépare tout d’abord 8 à 10 kg par hectare d’un mélange de différentes graines. « Je mets du colza et du millet, 2 kg chacun, puis des radis, du trèfle, de la moutarde, de la facélie. Je mélange bien le tout à la bétonnière et, huit à dix jours avant la récolte, je sème ce mélange avec un distributeur d’engrais. Pendant la moisson, je laisse un chaume d’une quinzaine de centimètres et la paille est broyée. Comme il s’agit de toutes petites graines, le peu d’humidité qui est maintenue sous la paille et dans les chaumes, leur permet de germer. Il y a juste à espérer un peu de pluie et le semis est réussi à moindre frais tant en  gazole qu’en temps de travail ». Bien sûr, lors du semis, quelques épis sont écrasés. « La perte ne représente rien par rapport au gain de carburant », affirme-il. Ces surfaces étant déclarées en SIE (surface d’intérêt environnemental), les semis doivent s’effectuer avant le 20 août. Chez Nicolas Fuzeau la majorité des plantes dépassaient déjà les chaumes à cette date. Il faut conserver ces intercultures en place au moins jusqu’au 15 novembre. « Moi, je les laisse jusqu’au 15 février au moins, le plus longtemps possible en tout cas. Pour faire un tournesol en mars, il n’y a pas d’urgence ! » . C’est donc avec un vrai bon sens paysan que Nicolas Fuzeau conduit son exploitation et les chasseurs se régalent. « Il y a pas mal de lièvres chez nous, mais ils m’ont surtout informé de la présence de très nombreuses cailles des blés dans mes parcelles. Ils s’amusent avec leurs chiens ! » . Les techniciens de la FDC aussi ont le sourire. Ils réalisent des films pour vulgariser la méthode et espèrent qu’elle sera adoptée par de nombreux autres céréaliers.

Bernard Billy