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Les chasseurs de Nouvelle-Aquitaine vent debout pour défendre les chasses traditionnelles

A l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération régionale des chasseurs de Nouvelle-Aquitaine qui s’est tenue le 26 mai dernier à Marsac-sur-l’Isle en Dordogne, le président de la FRC, Bruno Meunier, avec l’ensemble des présidents des douze Fédérations départementales des chasseurs, ont voté une motion sur la défense des chasses traditionnelles du Sud-Ouest.

En propos liminaires, les élus ont rappelé avec force combien les chasses régionales « sont l’expression de notre culture cynégétique et, bien au-delà, d’un art de vivre avec passion dans les campagnes et les forêts de Nouvelle-Aquitaine. Leurs hautes valeurs socio-culturelle et patrimoniale sont remarquables. Elles ne sont ni cruelles, ni dérangeantes, ni destructrices, contrairement à ce que disent nos opposants, ni dangereuses pour la biodiversité, comme ils aimeraient le faire croire et encore moins illégales. Chaque automne, ces chasses font le bonheur de beaucoup d’entre nous, en famille, avec nos amis, dans nos cabanes au fond des bois ou avec nos chiens courants. Le droit de continuer à vivre, c’est cela que les opposants à la chasse nous contestent, dans une stratégie de grignotage de nos droits ».

L’expression de l’identité de Nouvelle-Aquitaine

Dans son texte, la motion souligne que les palombières, pantes et matoles, à alouettes ou à palombes, sont l’expression de l’identité de Nouvelle-Aquitaine ; que les valeurs, la forte dimension symbolique, les savoir-faire et les savoir-être que les chasses régionales mobilisent, perpétués par une transmission souvent familiale, caractérisent la culture cynégétique du Sud-Ouest et en sont une des principales composantes ; que les chasses régionales et leurs cabanes tiennent une place centrale dans la vie de nos villages, en termes de partage, de cohésion, d’intégration et de mixité sociale, culturelle, économique et transgénérationnelle ; que la chasse collective aux chiens courants du grand gibier et du renard, au sein des équipes villageoises, avec une tradition de longue menée, associée à une forte mobilité des participants, est une autre des composantes principales de notre culture cynégétique régionale ; que la chasse collective aux chiens courants du grand gibier, pratiquée au sein d’une organisation communale, permet une maîtrise exemplaire des populations des gibiers visés et de leur impact sur les activités humaines, dans le respect de la nature ; que les chasses régionales aux oiseaux sont régies par un cadre réglementaire strict et font l’objet d’un suivi des populations chassées assurant une exploitation durable et contrôlée des gibiers concernés et, plus largement, la conservation de la nature et de la biodiversité par son utilisation ; que les chasses, formidables passerelles entre nature et culture, sont une école du respect de la nature et que le bénéfice des actions conduites par les pratiquants comme par l’aménagement des installations œuvre largement à la conservation des gibiers concernés, de leurs habitats et de la biodiversité dans son ensemble ; que les chasses, comprises celles du petit gibier, très appréciées, sont un atout économique important pour les territoires ruraux, au même titre que sur les plans culturel et touristique.

Dégâts et veille sanitaire

Elle rappelle aussi que la collectivité (Etat, pouvoirs publics, maires, agriculteurs etc.) se tourne systématiquement vers les chasseurs pour intervenir, qui par de l’affût, qui par des battues, qui par du piégeage, afin d’apporter des solutions aux dégâts et nuisances occasionnés par la faune sauvage, mais aussi pour assurer sa veille sanitaire lors de contextes épidémiologiques ambiants : influenza aviaire, tuberculose bovine, etc. Et demain peut-être peste porcine ?

La motion considère que, dès lors, le bonheur de vivre cette communion avec la nature dans l’authenticité d’une culture régionale est un droit fondamental des peuples, protégé par les Traités et qui n’a pas à être remis en cause par la volonté d’acculturation par l’anéantissement que peuvent porter nos opposants ; que nos chasses sont des activités de loisir de nature, passionnelles, chargées de sens et de dimensions symboliques fortes, qui ne peuvent qu’être considérées que comme un tout non dissociable, sans exclusion ou abandon possible de l’une ou de l’autre des pratiques traditionnelles ; que c’est dans le cadre de notre culture cynégétique locale que s’inscrit l’ensemble des chasses et que c’est à travers leur expression, leur perpétuation et leur respect par les pouvoirs publics, que naît la motivation du chasseur, qui n’est pas un agent salarié en charge de la régulation du gibier ; qu’à défaut de respecter nos chasses régionales ou à vouloir en imposer de nouvelles, sorties de l’imaginaire de fonctionnaires zélés et de politiques dont l’ambition rappelle les colonnes infernales, les chasseurs se détourneront de la chasse et que plus aucune régulation ne sera assurée ; que la chasse rend à bien des égards service à la collectivité, bénévolement, en limitant les dégâts et nuisances causés par la faune sauvage, en assurant sa veille sanitaire pour prévenir les épizooties, et surtout en sauvant des vies grâce au nombre de grands animaux régulés chaque année, et qui sont autant de risques de collisions routières évitées ; que l’article L424-4 autorise les usages traditionnels en conformité avec la Directive européenne, notamment son article 9.c « pour permettre, dans des conditions strictement contrôlées et de manière sélective, la capture, la détention ou toute autre exploitation judicieuse de certains oiseaux en petites quantités. » ; que l’article 22 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme rappelle que toute personne est fondée à obtenir la satisfaction des droits culturels indispensables à sa dignité et au libre développement de sa personnalité ; que la Commission Européenne a émis un avis motivé pour manquement demandant l’arrêt de toutes les chasses traditionnelles Françaises et donc de Nouvelle-Aquitaine (pantes et matoles aux alouettes des champs et, pigeons ramiers et colombins aux pantes), dans une totale méconnaissance des pratiques et de leur cadre réglementaire

Des actions en signe de protestation

Il est décidé de demander : au Gouvernement et au Président de la République de porter le dossier visant à assurer la défense et le maintien de nos chasses traditionnelles régionales aux pantes et aux matoles avec la force politique qui s’impose, auprès des institutions européennes, comme des juridictions françaises ; aux Parlementaires et au Gouvernement de ne pas mettre en place de géolocalisation des chasses au grand gibier, qui mettrait un terme aux chasses telles qu’elles sont pratiquées en Nouvelle-Aquitaine, sans apporter une réponse adaptée à la phobie de l’accident, instillée par les opposants à la chasse et par la recherche d’un inatteignable risque zéro ; aux Fédérations départementales des chasseurs de Nouvelle-Aquitaine concernées de décider localement avec leurs chasseurs et les territoires de chasse les actions qui pourraient conduire, en signe de protestation :

– à interrompre au moment opportun la chasse du grand gibier 

– à interrompre les actions de piégeage des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » dans les secteurs urbains et péri-urbains mais pas uniquement, en accord avec l’Association des piégeurs

– de se mettre en congé sine die de toutes actions de surveillance sanitaire de la faune sauvage, en lien avec les diverses épizooties pour lesquelles l’Etat attend beaucoup des chasseurs.

Enfin, il est souhaité la création d’une association de défense des chasses et traditions cynégétiques objet de cette motion, pour conduire toute action appropriée à cette fin, à l’exclusion des missions dévolues par le législateur aux Fédérations Départementales des Chasseurs et d’accorder une subvention d’aide à la constitution de ladite association.

Sébastien Lahalle