Environ 150 personnes attentives aux instructions de Stéphane Coureaud, technicien référent de la FDC 24.

Comptage : les mouflons à l’appel !

Début décembre, la Fédération des Chasseurs de la Dordogne et 150 volontaires ont procédé au premier comptage officiel des mouflons installés dans les gorges de l’Auvézère.

Depuis 1966, année de leur retour sur les terres qu’occupaient leurs lointains ancêtres durant la Préhistoire, les mouflons du Périgord n’avaient jamais fait l’objet de recensement officiel. C’est désormais chose faite – du moins pour l’une des trois implantations sur le département – après une matinée de comptage sur leur aire de prédilection : 15 000 hectares dans les gorges de l’Auvézère, entre Savignac-Lédrier, Saint-Mesmin et Génis.

Samedi 1er décembre… Environ 15 jours après le rut. Le brouillard et la fraîcheur de l’aube n’ont pas découragé les bonnes volontés. 150 personnes se sont réunies au petit matin à la salle des fêtes de Génis pour recevoir les instructions de Stéphane Coureaud, technicien référent de la FDC 24 pour le secteur. Dans les rangs des bénévoles, on recense des chasseurs bien sûr mais les troupes de comptage sont aux deux-tiers composés de non-chasseurs : élus locaux, association de treck-randonnée, habitants des villages alentour avec ados et enfants… La présence du mouflon se définit ici comme une richesse, une fierté.

Un protocole inédit
« Pour un comptage rigoureux et fiable, nous inaugurons un protocole inédit en Dordogne mais très courant en montagne », annonce le technicien. En combinant l’approche et l’affût, les mailles du filet se resserrent dans un paysage accidenté près de la rivière, plus doux en s’éloignant des parois abruptes qui longent celle-ci. Le secteur a été réparti en 6 zones distinctes, certaines portent des noms évocateurs pour ceux qui connaissent le pays, à l’image de « la Maison de l’Entrée » ou encore « le Pervendoux ». Les équipes de postés et celles des rabatteurs y seront efficaces en relevant le défi. Les chasseurs des quatre associations locales ont estimé que 60 à 80 individus mouflons vivaient ici ; il s’agit de vérifier ces affirmations. Après deux heures sur le terrain et le retour de toutes les équipes au point de départ, les fiches et leur synthèse livrent leur verdict : 74 mouflons différents ont été dénombrés.

Des populations à suivre
Les fiches révèlent en identification formelle 27 mâles, 10 femelles et 3 jeunes et les groupes les plus importants ont été localisés à hauteur de Saint-Mesmin (32 individus) sur la rive droite et un peu à l’aval sur la rive gauche (15 et 20 individus). En revanche on ne sait toujours pas si les groupes positionnés de chaque côté de la rivière ont des échanges… Quelques traces pourraient le laisser penser mais cela reste à prouver. Par ailleurs, les passerelles aménagées pour les circuits de randonnée pourraient changer les données. Une certitude demeure toutefois : les mouflons périgourdins ne franchissent pas la frontière du département. «Maintenant, nous allons essayer de mettre sur pied des opérations de comptage sur les deux autres secteurs colonisés par les mouflons, poursuit S. Coureaud. À savoir plus au sud vers Villac-Hautefort (environ 60 individus qui se sont détachés de leurs homologues de l’Auvézère) à la fin de l’automne 2019 et dans la vallée de la Dordogne sur Trémolat, Pezuls et Paunat (environ une vingtaine d’individus) l’année suivante.

En attendant, il semble que les populations d’ongulés de montagne soient bien réacclimatées en Périgord. Sur les secteurs concernés, le plan de chasse attribuait 7 bracelets en 1998 et 21 en 2018 avec un quota d’un adulte pour deux jeunes.

Titia Carrizey Jasick