Le déterrage est un mode de destruction des nuisibles qui peut s’avérer très efficace. Surtout avec un passionné derrière la pince.
Si, dans le Thouarsais, vous ne parvenez pas à joindre Stéphane Noirault, demandez plutôt « la Riflette ». Là, on vous guidera à coup sûr vers lui. Ce sera sans doute sur un terrier.
Pourquoi ce curieux surnom ? « Lors d’une ouverture, quand j’étais jeune, j’ai loupé tous les lièvres que j’avais levé. Mon grand père m’a dit que j’étais une riflette, un maladroit dans son patois. Ça m’est resté ». Depuis, Stéphane a progressé au tir, mais il se montre surtout très adroit dans sa nouvelle passion, le déterrage. « J’avais un petit teckel qui rentrait dans les trous de renards. Au début, avec un copain, on a creusé pour s’amuser et on prenait les renards à la main. Quand j’ai été lassé de me faire mordre, je me suis fabriqué une pince et c’était parti. C’est ma treizième saison de déterrage ». Une saison toujours aussi riche en réussite pour la plus grande satisfaction des sociétés de chasse de la région. « Là, cette année, je vais être à près de 150 renards prélevés et j’espère atteindre la centaine de blaireaux ». Des chiffres qui ne l’impressionnent toutefois pas.
« Oh ! vous savez, ça reste malheureusement une goutte d’eau tant il y a de nuisibles ».
Le 71ème
Le jour se lève à Pas-de-Jeu en ce matin d’octobre. Un café et c’est le départ vers les marais de la Dive. Les blaireaux y font des dégâts dans les cultures, les jardins. Stéphane sort deux de ses dix teckels, « Hardi » et la jeune « Isa ». Les deux premiers trous semblaient visités, mais les chiens n’ont rien trouvé. Dans le troisième terrier, « Hardi » se mettait au ferme aussitôt imité par « Isa ». Pelles, pioches, barres à mine sortaient de l’antique Express bleue.
Et le silence se faisait. « Il ne faut pas se fier aux bruits qui émanent du trou. Les chiens se sont enfoncés bien plus loin ». Où creuser ? Il plante sa barre à mine, la colle contre son oreille, écoute. Il recommence en plusieurs endroits, revient sur ses pas, décide enfin : « Ils sont là et ça part vers le talus. Il faut creuser. C’est profond ».
On se relaie et le trou se forme. Un mètre mais c’est toujours plus profond. Une chaîne de bénévoles permet d’agrandir le trou, remonter les pierres, la terre. On est à près de deux mètres et on voit l’arrière train d’Isa. Mais « la Riflette »
constate que « la galerie fait un coude. Il faut encore agrandir ». On décide toutefois d’attaquer en même temps l’autre côté du talus. Le blaireau sent la menace, tente de sortir. La petite « Isa » ne le laissera pas faire. Les hommes redoublent d’ardeur. Avec beaucoup de témérité, Stéphane descend tête la première dans le trou, lampe torche à la main. « Tenez-moi les pieds ». Il aperçoit l’animal. On creuse depuis cinq heures, mais on recommence. Le blaireau tente une nouvelle sortie. Stéphane plonge encore la tête la première dans le trou, mais il a cette fois une pince. Très vite le gros mâle est capturé, tué et donné en pâture aux chiens qui mordent dans la dépouille avec hargne. Stéphane les remet au trou mais le blaireau était seul. « Dommage !
L’autre jour, il y en avait six ensembles. Là, tu creuses vraiment pour quelque chose ! »
« C’est le 71ème de l’année » commente-t-il en rebouchant consciencieusement les tranchées. C’est presque banal pour lui. Demain, il recommence. « Il faut même que je prenne des jours de congés ces prochaines semaines tant je suis sollicité ». C’est la rançon de l’efficacité !
Trente équipages
1 143 renards
Président de l’association départementale des veneurs sous terre, Alain Freuchet de Pamproux constate la bonne santé du déterrage dans les Deux-Sèvres.
« Nous avons aujourd’hui trente équipages et ils sont assez bien répartis dans le département. Il y a bien un petit manque à l’ouest et entre Parthenay et Niort mais les gars n’hésitent pas à se déplacer pour chasser. Alors, tout le territoire est couvert ».
Et les nuisibles ne manquent pas. « Pour la dernière saison 2014-2015, les veneurs sous terre ont prélevé 1 143 renards, 200 blaireaux et 200 ragondins. C’est beaucoup. Les piégeurs n’arrêtent pas non plus mais il y a toujours autant de renards à proximité des habitations en particulier ».
Bernard BILLY