Les corvidés occasionnent de sérieux dégâts sur les semis de printemps.

Les corvidés en ligne de mire

Depuis une dizaine d’années, le nombre de corvidés prélevés au tir a doublé. Au printemps, les chasseurs sont à l’affût.

Joindre l’utile à l’agréable. Le plaisir de griller quelques cartouches tout en faisant le bonheur des agriculteurs. Les chasseurs landais sont de plus en plus nombreux chaque printemps à tirer des corvidés dans la campagne. Baptiste Ducourneau est de ceux-là. Garde chasse particulier de l’ACCA de Poyanne, passionné de traque au chevreuil avec sa meute de fauves de Bretagne, il est devenu amateur de chasse aux corvidés depuis quelques années.

Avec un groupe d’amis, et dès que le temps le lui permet, il répond à la demande des agriculteurs de la commune. « Il faut impérativement être au poste avant le lever du jour pour s’assurer que les oiseaux ne quittent pas leur dortoir. Au printemps, les jours allongent et la nature s’éveille de bonne heure. On pose les appelants et les tourniquets avant le lever du soleil ».

La destruction – c’est le terme officiel – de la corneille est autorisée du 1er avril au 31 juillet après accord de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) qui met un formulaire à la disposition des chasseurs. « L’utilisation d’appelants en plastique, d’un tourniquet et d’un grand-duc artificiel sont autorisés », précise Jérôme Castets, technicien à la Fédération (FDC40). « Au préalable, il est important de bien repérer les lieux de stationnement des corneilles ».

Un affût en forme de round-baller
Ce mode de chasse pratique et ludique est apprécié des agriculteurs qui déplorent des dégâts sur leurs semis, notamment de maïs. Il est devenu tout aussi efficace que le piégeage. Pour être le plus performant possible, il faut impérativement voir sans être vu. Car les corvidés repèrent très vite le moindre mouvement au sol. Tenue de camouflage obligatoire avec gants et visage caché, mais aussi fusil « camo » pour assurer une discrétion absolue. À Poyanne, Baptiste Ducourneau et ses copains disposent d’un atout supplémentaire, mis au point par leur copain Fabrice : un affût confectionné à la forme d’une balle de paille. Cet abris installé parmi d’autres au milieu d’un champ ressemble à s’y méprendre à une véritable balle de foin ronde de type round baller. Sa structure confectionnée avec une armature grillagée permet d’y fixer de la paille. L’affût est équipé d’une fenêtre de tir et est suffisamment spacieux pour que le tireur soit à l’aise à l’intérieur. « Ça marche bien », reconnaît Baptiste Ducourneau qui dispose une vingtaine de formes et deux tourniquets pour attirer les vols et les convaincre à s’approcher du sol. « C’est passionnant. Les corbeaux comprennent vite, au bout de deux jours, ils sont méfiants ».

150 autorisations de destruction
Il y a deux ans, le tableau à la fin de la saison affichait 80 corbeaux à Poyanne. Aujourd’hui, la moyenne a un peu baissé. Mais l’efficacité de Baptiste Ducourneau et de son équipe commence à être connue dans le secteur. « Nous avons de plus en plus de demandes pour intervenir sur d’autres communes en Chalosse ».

En 2020, dans le département, la Fédération a recensé 150 autorisations de destruction à tir délivrées par la DDTM. Cela concerne environ 1 500 chasseurs et la moitié des ACCA. Entre les saisons 2011 et 2020, le nombre de corvidés tirés a plus que doublé. Il est passé de 1 221 à 3 275. Nouveauté cette année : le calibre 22 est autorisé uniquement pour le tir de la corneille posée au sol. Les corvidés sont en ligne de mire.