Palombes : grand déballage sur les cols du Pays basque

La migration de l’oiseau bleu a été historique cette saison. Le Groupe d’investigation sur la faune sauvage (GIFS) a recensé plus de 3 millions de palombes sur les quatre sites du Pays basque.

Le 2 novembre 2022 est à graver dans l’histoire du suivi de la palombe avec 1,4 million d’oiseaux qui ont franchi les quatre cols. « C’est la plus grosse journée de migration depuis 1999 », glisse Régis Hargues, directeur de la Fédération des chasseurs des Landes. Ce jour-là, le site de Banca a compté 128 vols pour un total de 549 346 oiseaux et Arnéguy 197 vols pour 539 627 oiseaux. Urrugne a vu 80 017 palombes pour 120 vols et Sare 378 985 oiseaux pour 78 vols. Cette saison, l’essentiel de la migration s’est déroulé sur les postes intérieurs. 0ctobre 2022 a également enregistré une migration exceptionnelle de grives, pinsons et autres grues cendrées.

 

 

Comptage : vol au-dessus d’un nid de ramiers

Depuis 1999, quatre sites des Pyrénées-Atlantiques, Urrugne, Sare, Banca et Arnéguy, servent chaque année de postes d’observation pour contrôler la migration de l’oiseau bleu sur la partie occidentale des Pyrénées.

Effectué par des techniciens des FDC de Nouvelle-Aquitaine et de Midi-Pyrénées, des élèves du Lycée Agricole à Saint-Pée-sur-Nivelle et des bénévoles, le comptage est réalisé du 15 octobre au 11 novembre. Au-delà d’une comparaison interannuelle des effectifs, il affiche la tendance d’évolution de la population migratrice. Pour 2021, le bilan du comptage sur les quatre postes d’observation donne un effectif approximatif de passage de 1 519 396 et un effectif approximatif de retour de 89 673, soit un effectif réel de 1 429 723 oiseaux. Les plus importants passages ont eu lieu les 24 octobre (116 233 oiseaux en effectif réel), 27 octobre (228 595 oiseaux), 7 novembre (104 765 oiseaux) et 10 novembre 880 849 oiseaux), représentant 87,6 % de la migration totale en 4 jours de passage.

Le peloton bleu de site en site

Le site d’Urrugne, marqué par quatre pics migratoires, a vu passer 1 020 404 palombes et un effectif de retour de 66 914 palombes, soit un effectif réel de 953 490 palombes (66,7 % de l’effectif réel total). Le total des palombes relevé sur ces pics correspond à 92 % des palombes observées sur ce poste. Au corridor de Sare, les observateurs ont noté un effectif de 335 515 palombes et un effectif de retour de 5 814 palombes, soit un effectif réel de passage de 329 701 palombes, représentant 23,1 % de l’effectif réel total. Le comptage est marqué par un unique pic de migration (10 novembre) avec 78,7 % des ramiers aperçus sur ce site.

La trouée de Banca a été le cadre du vol de 121 735 palombes pour un effectif de retour de 9 624 palombes, soit un effectif réel de passage de 112111 palombes qui correspond à 7,8 % de l’effectif réel total. A noter deux « petites » journées migratoires avec 60,4 % des palombes aperçues en transit. Du côté de la brèche d’Arnéguy, il a été relevé un effectif de 41 742 palombes pour un effectif de retour de 7 321 palombes, soit un effectif réel de passage de 34 421 palombes. L’effectif réel de passage du poste correspond à 2,4 % de l’effectif réel total. Aucun pic de migration n’y a été enregistré en 2021.

Stabilité des effectifs

Cette saison a été marquée par un automne relativement chaud (jusqu’à 26° C), puis par un temps instable début novembre (pluie, vent de sud fort, brouillard en plaine). Une météo qui n’a pas aidé nos migratrices à poursuivre leur périple patientant en plaine et attendant des conditions favorables pour se diriger vers la péninsule Ibérique, conditions survenues brusquement en toute fin de saison. Globalement, cette saison a été marquée par un passage majoritairement littoral. Si l’on compare 2021 avec les 22 années précédentes, l’analyse statistique confirme l’absence de tendance significative. On peut donc conclure à une certaine stabilité des effectifs migrateurs avec toutefois des variations interannuelles importantes du nombre d’oiseaux en migration, variations liées à la disponibilité des ressources alimentaires en hivernage dans le grand sud-ouest de la France.

Par Thierry Montéro et Valérie Cohou dans Chasseur en Nouvelle-Aquitaine n°19

Baguage des pigeons ramiers en hivernage

Lancées à l’automne 1988, lors de la migration post-nuptiale des pigeons ramiers franchissant les cols pyrénéens, les opérations de baguage ont été menées sur de nombreux sites dans 5 départements d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées.

Au départ, de nombreux oiseaux ont été capturés dans les pantières basques (filets verticaux), bénéficiant ainsi de cette tradition ancestrale. Au fil du temps, c’est l’emploi de filets horizontaux (pantes) qui s’est imposé.

Si vous avez prélevé un oiseau bagué, merci de le faire savoir, en retournant la bague, et en indiquant vos noms, prénoms, adresse ainsi que la date et le lieu de reprise à : GIFS France – 12 boulevard Hauterive – 64000 PAU

Nous ferons suivre les informations au Centre de Recherche sur la Biologie des Populations d’Oiseaux qui nous permettrons de vous informer du parcours de l’oiseau.

Quand le ramier passe à table

Le 25 juin 2020, une publication scientifique est parue dans la Revue internationale Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition. Les auteur-e-s, Coralie NEGRIER, Marco FANTINATI, Faouzi LYAZRHI, Valérie COHOU et Nathalier PRIUMENKO, lèvent le voile sur les habitudes alimentaires du pigeon ramier. À table !

Pour mener cette étude, le Groupe d’Investigations sur la Faune Sauvage, les techniciens des FDC de Nouvelle-Aquitaine et de Midi-Pyrénées ont récolté les échantillons et travaillé en étroite collaboration avec l’École vétérinaire de Toulouse. Les nouvelles politiques agricoles et directives européennes ont profondément transformé les pratiques culturales. À terme, certaines de ces transformations pourraient affecter la disponibilité alimentaire pour des populations d’oiseaux et mettre ainsi en péril la biodiversité. Cette étude vise à évaluer les conséquences de telles transformations agricoles en France sur le régime alimentaire du pigeon ramier.

Ce sont en tout 1 093 pigeons ramiers qui ont été prélevés sur une période de trois ans (2014-2017). L’échantillonnage volontaire a été réalisé dans six régions biogéographiques du Sud-Ouest de la France par des chasseurs locaux au cours de la migration automnale de cette espèce et au cours de l’hivernage. Des contenus de jabots ont été récupérés, identifiés au niveau macroscopique et microscopique, puis pesés avant et après séchage.

Un régime opportuniste
Cinq groupes alimentaires ont été identifiés : glands, maïs, végétaux, graines cultivées et autres. Des tests statistiques (ANOVA, test de Tukey) ont été réalisés en vue de comparaisons multiples. Le seuil de signification a été fixé à une valeur p inférieure à 0,05. Au total, 762 pigeons ramiers répondaient aux critères de l’étude. Le poids moyen de l’ensemble des contenus de jabots était inférieur à 9 grammes de matière sèche. Les groupes alimentaires les plus fréquents étaient les végétaux (70,3%), les glands (42,3%) et le maïs (27,2%). En poids de matière sèche, l’aliment le plus présent dans les contenus des jabots était les glands (62%) : ceux-ci étaient consommés plutôt au cours des deux premières saisons de chasse (p < 0,001), et, dans la région des « Pays de l’Adour », les niveaux de consommation étaient plus bas que dans toutes les autres régions.

Manger « local »
À l’inverse, la consommation de maïs a atteint son sommet au cours de la troisième année (p < 0,001) et dans la région des « Pays de l’Adour » les oiseaux consommaient cette céréale de façon croissante. Les graines cultivées contribuaient le plus au régime pendant la migration (p < 0,007), tandis que les légumes et autres étaient plutôt consommés pendant l’hivernage (p = 0,011 ; p = 0,004).

En conclusion, les résultats confirment la nature opportuniste du pigeon ramier, qui équilibre son régime selon la disponibilité alimentaire. Le maïs était consommé en plus grande quantité dans les zones où l’enfouissement hivernal des résidus de maïs, normalement imposés par la directive Nitrate, faisait l’objet d’une dérogation.

Cette étude est extraite de la thèse vétérinaire de Coralie Négrier – Ecole nationale vétérinaire de Toulouse.

AppliChasse : un lancement réussi

Comptez-vous : 3 000 ! Au rythme d’une trentaine de connections par jour, ils sont aujourd’hui plus de 3 000 nemrods à s’être connectés avec APPLICHASSE, application dédiée aux chasseurs néo-aquitains. Lancée à l’ouverture de la saison, l’application connaît des débuts plus qu’honorables malgré une période troublée par l’émergence de la Covid-19.

A l’ère du numérique, avec smartphones et androïdes, la Fédération Régionale des Chasseurs de Nouvelle-Aquitaine se devait de proposer  ses adhérents un outil répondant à cette évolution de la société. Imaginée en pensant aux chasseurs, les utilisateurs, l’application APPLICHASSE, s’appuyant sur une ergonomie simple d’utilisation, propose de nombreux services au fil d’une navigation agréable. «Il n’est pas nécessaire d’être un expert en informatique », insiste Sébastien Hau, directeur de la FDC 87.

Au nombre des initiateurs de l’application, il assure aussi le service après-vente d’une application téléchargeable gratuitement. « Seule condition pour devenir utilisateur de cette application réservée en exclusivité aux seuls chasseurs de notre région, il faut que chaque fédération départementale soit elle même connectée à APPLICHASSE ». À ce jour, 8 des 12 fédérations départementales de Nouvelle-Aquitaine ont cliqué sur la touche « connexion » et communiqué la liste de leurs adhérents.

Tableau de chasse, un placement pour l’avenir

Connaître les prélèvements cynégétiques permet de préserver la ressource et de faire de la chasse une activité durable. Le prélèvement ne doit pas dépasser la capacité de croissance de la population chassée. L’estimation des tableaux de chasse est donc une des pièces maîtresse du puzzle à mettre en place pour une gestion des populations animales plus éclairée et raisonnée.

Pour la seconde année, une enquête a été menée par les techniciens de la FRC sur 10 départements de Nouvelle-Aquitaine afin de connaître le prélèvement réalisé, pour la saison 2018/2019, par les chasseurs sur 19 espèces gibier faisant partie des préférées des chasseurs de la région. Les différentes catégories (grand gibier, migrateurs, petit gibier de plaine, espèces susceptibles d’occasionner des dégâts et oiseaux d’eau) sont toutes prises en compte.

Des éducateurs très nature

Sensibiliser le grand public et les enfants à leur environnement proche est essentiel pour une meilleure compréhension de la nature qui nous entoure. Avec leur maillage « tous terrains » les structures cynégétiques sont devenues des acteurs importants et reconnus de la protection de l’environnement. Elles font ainsi découvrir la vraie nature à un public qui connaît souvent mieux l’éléphant ou la girafe que le renard ou le chevreuil.

Agrifaune : agriculteurs et chasseurs suivent le même sillon

Issu d’une convention nationale passée en 2006 et renouvelée en 2016 pour la période 2016/2021, entre l’ONCFS, la FNSEA, la Fédération Nationale des Chasseurs et l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, le réseau AGRIFAUNE traduit la volonté des agriculteurs et des chasseurs de travailler ensemble.

Pigeon ramier : bilan des observations aux cols pyrénéens

Une saison particulière pour la migration des palombes. De nombreuses alouettes et grives en migration cet automne.

Depuis 1999, chaque année, entre le 15 octobre et le 11 novembre, le rituel est le même sur les quatre postes d’observation mis en place par le GIFS France pour contrôler la migration du pigeon ramier (palombe – Columba palumbus) sur la partie occidentale de la chaîne pyrénéenne. Tous les jours, entre 8 et 16 heures, des techniciens des fédérations de chasseurs de Nouvelle-Aquitaine et de Midi-Pyrénées, assistés de stagiaires du lycée agricole de Saint-Pée-sur Nivelle, recensent les vols et le nombre de pigeons ramiers aux postes d’Urrugne, Sare, Banca et Arnéguy.

Cette année, nous avons eu la participation de la Fédération des chasseurs de l’Indre. Connaître le passage sur quatre cols Le protocole de comptage n’a pas pour objectif de recenser l’ensemble des oiseaux franchissant les Pyrénées mais il permet de connaître le passage sur quatre cols identiques chaque année et sur la même période d’observation. Ces observations permettent de faire une comparaison interannuelle des effectifs et de mettre en évidence une tendance d’évolution de la population migratrice transpyrénéenne. Les comptages ont débuté le 15 octobre 2019 et se sont achevés le 11 novembre 2019. Cette année, les effectifs totaux recensés s’élevaient à 315 859 pigeons ramiers. Les observations n’ont pas mis en avant de réel pic de migration.

Doux et pluvieux
Cette saison a été marquée par un automne relativement doux jusqu’au 30 octobre puis un épisode pluvieux sans précédent de 12 jours consécutifs. La relative douceur a accompagné le passage des migrateurs avec une journée à 111 000 oiseaux le 26 octobre. Les vents relativement forts de sud ont freiné les palombes lors de ces belles journées.

Ainsi, de nombreux oiseaux sont arrivés dans la grande plaine du Sud-Ouest où ils ont trouvé une glandaie exceptionnelle sur certains secteurs et sont bloqués depuis cet épisode car la migration est compliquée avec ces temps humides. Il est quasiment certains qu’une fenêtre météorologique favorable permettra à un certain nombre de palombes de franchir les Pyrénées pour arriver en Péninsule Ibérique. Nos techniciens resteront à l’affût de ce phénomène pour vérifier cette migration atypique. Le président du GIFS, Jean- Roland Barrère a tenu à adresser « Un grand merci aux présidents des FDC participantes, aux techniciens, aux stagiaires du lycée agricole de Saint-Pée-sur-Nivelle et aux bénévoles venus soutenir les observations. »

FRC : réflexions, propositions, actions !

Elu le 15 avril 2019 à la présidence de la Fédération Régionale des Chasseurs de Nouvelle-Aquitaine (FRCNA), Bruno Meunier mise sur le partage des données et des savoirs pour donner un avenir à la chasse en Nouvelle-Aquitaine. Pour cela, il compte sur les groupes de travail appelés à remplacer les différentes commissions en place jusqu’alors.

Cette nouvelle formulation qui inclut la notion de travail doit faire sens au niveau du chasseur de base ». Pour le successeur de Guy Guédon à la tête des chasseurs de Nouvelle-Aquitaine, l’intitulé « Groupe de travail » à la place de « Commission » n’est pas un simple effet de sémantique. « En proposant, le 14 mai dernier à Puymoyen, siège de la Fédération des Chasseurs de la Charente (FDC 16), la mise en place de 6 groupes de travail appelés à plancher sur les thématiques suivantes : « Gestion adaptative, migrateurs», « Comment fidéliser les chasseurs, gestion du petit gibier, biodiversité », « Education à la nature », « Mutualisation », « Dégâts de gibiers » et « Gestion des déchets de venaison, sanitaire », nous portons un regard sur l’ensemble des modes de chasse dans notre région », explique celui qui est aussi président de la FDC 16.
Groupes restreints et binômes référents
« Le nombre n’est pas un gage de qualité. Le choix de groupes avec, au départ, seulement 3 élus et 3 salariés en plus d’un binôme référent, doit amener une plus grande efficacité. Mais rien n’est totalement fermé. Ces groupes pourront toutefois s’étoffer en fonction des sujets et des pistes évoqués», ponctue Bruno Meunier. Si Valérie Cohou, Philippe Mourguiart et Grégoire Bouton sont au rang des binômes, ils sont accompagnés de représentants des fédérations : Jean Roland Barrère (FDC Landes), Michel Cuau (FDC Vienne), Guy Guédon (FDC Deux-Sèvres), Francis Vincent (FDC Charente-Maritime), Michel Auroux (FDC Lot-et-Garonne) et Christian Groleau (FDC Haute-Vienne). « Une représentativité qui couvre géographiquement notre région du nord au sud et représente la diversité et les spécificités des 12 départements qui la composent. Grands gibiers, petits gibiers, migrateurs, les territoires de Nouvelle-Aquitaine abritent tous les gibiers chassables », complète l’homme qui préside aussi aux destinées du Club National des Bécassiers.

Des pistes à suivre
« Offrir un panel complet des modes de chasse est une chance pour la Nouvelle-Aquitaine. Une chance que d’autres régions n’ont pas. A nous fédération régionale, en collaboration avec les fédérations départementales, d’assurer l’avenir de la chasse en mettant en action la gestion adaptative voulue par le Président de la République », avance Bruno Meunier. « Pour cela il faut s’appuyer sur l’expertise des FDC pour ne pas réinventer ce qui se fait de bien dans tel ou tel département. La mutualisation des idées, des actions et des dépenses est devenue une nécessité pour notre région forte de 12 départements et de près de 210 000 chasseurs ». Pour conserver ou séduire de nouveaux chasseurs (notamment avec l’opération permis à 0 € mise en place dans certains départements), il faut leur proposer quelque chose d’intéressant et à un coût raisonnable. « La mutualisation des dépenses (véhicules, cartouches, papeterie, bureautique…) pourrait amener une baisse du coût des achats qui bénéficierait ainsi aux adhérents des FDC ». Une mutualisation qui pourrait s’étendre à la collecte des déchets de venaison entre départements limitrophes.

Autres sujets évoqués par le président de la FRCNA : l’éducation à la nature auprès des scolaires et du grand public et la communication. « Il nous faut faire connaître nos actions auprès du plus grand nombre », insiste Bruno Meunier. « Pas question toutefois pour la FRCNA de s’ingérer dans la gestion des FDC. C’est ensemble que nous devons écrire l’avenir du loisir qui nous rassemble : la chasse ».

Thierry Montéro