Damien Fétis et Patrice Gauducheau.

Plantation d’inter-cultures : on sème à la folie

Depuis deux ans, la commune d’Ecurat, placée en niveau 4 du Plan de gestion faisan, participe au programme de plantation d’inter-cultures. Cette initiative de la Fédération départementale des chasseurs de Charente-Maritime (FDC17), née en 2014, finance à hauteur de 14 500 € par an les semences de Cultures Intermédiaires Pièges à Nitrates (CIPAN) pour agriculteurs, soit 20 hectares par commune.

Ce projet, qui concerne exclusivement les réserves de chasse et de faune sauvage, accompagne la préservation des biotopes sur ces territoires. Tout comme le programme de sauvegarde des faisans Mandchourie lancé en 2018, le projet s’inscrit dans une volonté de protection accrue du petit gibier, plus sensible aux modifications de son environnement.

Patrice Gauducheau, président de l’ACCA d’Ecurat depuis vingt-deux ans, et son voisin agriculteur-céréalier Damien Fétis, sont acteurs de ce programme de préservation de la faune sauvage. Date minimale au 15 décembre L’agriculteur sème cette année derrière ses céréales à pailles, 7,5 hectares de couvert végétal entre ses cultures d’été et de printemps. La plantation d’inter-cultures est composée de moutarde d’Abyssinie, de phacélie, de trèfle d’Alexandrie et de sarrasin. Le coût de la semence avec la main-d’œuvre est estimé à 50 € TTC l’hectare. La FDC17 impose la date minimale du 15 décembre pour la destruction du couvert, l’idéal étant de le laisser intact jusqu’à la fin janvier pour la chasse au petit gibier. «On doit implanter le couvert avant la moisson et on doit le laisser le plus longtemps possible. Le couvert évite d’avoir un sol nu, laboure et permet à terme de nourrir le sol avec un retour d’azote, c’est intéressant», explique le céréalier. «Avec ces quelques hectares gratuits, on s’y retrouve économiquement».

Damien Fetis ajoute néanmoins ne pas posséder les outils adéquats pour la destruction du couvert. «Il nous faudrait un semoir direct à disque qui implante la graine directement sans toucher au sol». Un effet protecteur et nourricier Les résultats sont là pour la faune sauvage, puisqu’en deux ans la population de faisans et de lièvres a augmenté sensiblement dans le secteur. «On a remarqué aussi quelques nichées de perdrix», note Patrice Gauducheau. «Le petit gibier est tributaire des prédateurs qui détruisent des compagnies entières. Le couvert a alors un effet protecteur et nourricier». «Ce sont de bonnes initiatives pour la chasse, il serait bien de retrouver des souches naturelles de petit gibier et j’aimerais voir développer ce programme en dehors des réserves de chasse», continue le président. Damien Fetis se dit prêt à poursuivre l’opération dans les années à venir : «Je pourrais faire 50 hectares d’inter-cultures, ce n’est pas un problème».

Le mot de Franck Thomas : « On a implanté 485 hectares d’inter-cultures sur 31 communes dans le département. C’est un plus dans notre campagne pour la protection du petit gibier et de la faune sauvage en général, à un moment où il n’y a pas d’abris pour eux. Nos champs couverts sont dans l’intérêt de tous »
Par Elwenn Marchand dans Chasseur en Nouvelle-Aquitaine n°19