Grand gibier : affiner les plans de chasse

En étudiant la santé des animaux et leur impact sur leur environnement on peut avoir une idée plus précise de l’état des populations de grand gibier, affiner les plans de chasse.

On parvient assez bien à dénombrer les lièvres en plaine où les coqs chanteurs. Il est bien plus délicat de faire l’inventaire des grands animaux. Cervidés et sangliers se montrent peu. « Dans les comptages, on savait que l’on sous estimait les effectifs, mais on n’avait pas de données précises pour rectifier ces erreurs au moment de l’élaboration des plans de chasse » expliquent Emmanuel Coussy et Bruno Denjean, techniciens de la fédération.

De nouvelles méthodes apparaissent.

« Un colloque de l’ONCFS à Chambord nous a permis de découvrir les ICE, indicateurs de changement écologique. Le président de la commission grand gibier, Jean Bernardeau, nous a demandé de profiter de ces nouvelles données pour évoluer dans nos méthodes de suivi des populations ». On étudie avec ces ICE les indices d’abondance, l’évolution physique des animaux (poids, mensurations, reproductions), la pression des animaux sur la flore.

L’étude des faons

Le Montmorillonnais est le deuxième secteur à tester ces ICE. « Nous avons là, déjà, des données fiables » précise Emmanuel Coussy. « Grâce au général Baudoux, gestionnaire du terrain militaire, nous avons pu récupérer en effet les poids et mensurations des pattes de faons prélevés sur le terrain depuis 2001 et les dates de ces prélèvements (1). Le technicien de l’ONCFS, Thierry Chevrier, a analysé toutes ces données et les résultats démontrent la justesse de la technique ». Les chiffres de 2008 le prouvent. On enregistrait en effet une baisse significative du poids des faons preuve d’une surpopulation. « Nous avions à l’époque pressenti cette hausse et on avait mis en place un plan de chasse en progression sensible. Il a porté ses fruits. Les faons ont regagné 20% de poids en plus. Mais on ne se basait alors que sur l’expérience pas sur des données concrètes » remarque Emmanuel Coussy.

Maintenant, la fédération va donc s’appuyer sur cette nouvelle donne. « Bien sûr, on va impliquer encore les chasseurs locaux. On va leur apporter une petite formation pour qu’ils déterminent avec précision le poids des animaux, les mensurations. On leur fournira aussi des matériels plus sophistiqués. On continuera les comptages nocturnes sur des circuits simplifiés et on s’intéressera à l’impact sur le milieu ». On devrait ainsi avoir une meilleure connaissance des populations. On pourra déterminer des plans de chasse encore mieux adaptés.
(1) : Un faon ne présente pas les mêmes caractéristiques s’il est tué en début de saison ou en février. L’ONCFS a mis en place un outil statistique qui prend en compte ces différences.