TROP DE SANGLIERS DANS LA VILLE

Le sanglier devient un fléau en ville où il s’installe pourtant de plus en plus, imposant de nombreuses battues administratives.

Les municipalités veulent soigner la biodiversité dans leurs cités. C’est bien. Mais, de plus en plus, le sanglier fait partie de cette biodiversité et, là, ça coince ! Les destructions de pelouses, de terrains de sport, les dangers routiers, imposent une réplique. « Et, là, on constate que si on accepte les destructions de sangliers, on rejette les chasseurs qui les réalisent », constate le directeur de la FDC.

Le monde de la chasse n’en est pas moins présent. « Notre seule réponse actuellement est la battue administrative extrêmement difficile à mettre en place dans les zones urbaines. Et puis on est pratiquement persuadés maintenant que des sangliers sont nés là, en ville, et depuis plusieurs générations. Ils ont la quiétude et à manger, y compris dans les poubelles. Pas facile de les déloger de « chez eux » maintenant ». Avec la DDT (Direction Départementale des Territoires), la Fédération va étudier la possibilité de mieux entretenir les zones en friches. « Pour, au moins, les perturber ».

33 au tableau
Lieutenant de louveterie depuis une trentaine d’années, Alain Bouhet est catégorique : « Il ne devrait pas y avoir un seul sanglier en ville. Il faut tout faire pour les chasser, pour qu’ils retournent dans la campagne où les chasseurs pourront s’en occuper ». Pas simple évidemment, en particulier à Poitiers avec ces vallées qu’affectionnent les sangliers. Alors, le téléphone d’Alain Bouhet sonne souvent. « J’interviens quand il y a des plaignants. Il faut parfois l’appui de la police, de la direction des routes. Je représente le préfet dans ces battues administratives, alors pas le droit à l’erreur ».

Muni de son arrêté de sécurité publique, il s’entoure « d’une équipe que je connais bien, des habitués. Les consignes sont très strictes évidemment. On ne tire qu’à la chevrotine. En deux mois et demi, j’ai prélevé une centaine de sangliers dans la zone péri-urbaine de Poitiers. Un jour, il y en avait 33 au tapis. C’est impressionnant ». Mais ce n’est pas toujours simple. « Je me souviens de ce gros sanglier qu’on chassait. Il a foncé carrément en ville. Il a pris les trottoirs et on a du l’accompagner jusqu’à la sortie de la ville pour éviter tout accident ! ».

Mais des accidents, il y en a malheureusement beaucoup. Et les dégâts aux propriétés sont parfois importants. « Je conseille aux gens de mettre une clôture électrique, comme en campagne. Ils la branchent la nuit et sont tranquilles », remarque Alain Bouhet.

Il y a aussi des sangliers qui quittent la ville pour aller se nourrir en campagne la nuit. Et y faire des dégâts. Payés par les seuls chasseurs !

Chasse, écologie, pédagogie

Les chasseurs s’affirment premiers écologistes de France. Ils ont le réseau le plus actif de France et le démontrent à Champagné-Saint-Hilaire.

En 1979, les chasseurs ont créé la Fondation pour la protection des habitats de la faune sauvage. Ils ont acheté ainsi des milliers de sites dans tout le pays pour les protéger. Exemple à Champagné-Saint-Hilaire avec le « Patural des chiens », un ensemble remarquable de 23 ha fait de brandes, prairies, zones humides et d’un étang.

Ce site est classé depuis 1989 en Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) et la Fédération de la Vienne en a la gestion, la Fédération de pêche gérant l’étang. « Nous avons décidé de relancer l’inventaire floristique et faunistique du site », explique Caroline Cailly, chargée de mission de la FDC. « Nous voulons aussi l’ouvrir au grand public en collaboration avec la commune de Saint-Hilaire qui a créé à côté une base de loisirs importante avec des jeux et un étang ouvert à la pêche » .

Sécurité : plus de miradors et d’échanges

La fédération relance une opération miradors et souhaite plus d’échanges entre les chasseurs sur la sécurité au quotidien.

La nouvelle loi chasse impose aux fédérations de créer une commission sécurité à la chasse. En Vienne, elle a été jumelée avec celle sur le grand gibier sous l’autorité d’Olivier Donguy. « Après les accidents de l’automne dernier, on travaillait déjà sur le sujet », constate ce dernier. « On avait réfléchi à des actions et on s’est limité à quelques unes pour les mener au bout, ne pas se disperser ».

AG : l’électronique terrasse le coronavirus

À cause du coronavirus, personne ne s’est déplacé au Futuroscope mais l’électronique a permis à l’assemblée générale annuelle d’avoir quand même lieu.

Sécurité : une vive réaction fédérale après les drames de novembre

En réaction aux notre activité ». accidents mortels, la fédération a imposé la matérialisation des angles de 30° en battue et l’interdiction de tir dans cet espace. Et on multiplie les formations.

La Vienne n’avait pas connu d’accident mortel depuis plus de 25 ans. Les drames de novembre en ont été d’autant plus durement ressentis. Le vendredi 15, un homme était tué lors d’une battue à Montamisé. Le lendemain matin c’est une chasse au petit gibier qui tournait au drame.

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Dégâts : un observatoire pour comprendre

Malgré des prélèvements record de sangliers, les dégâts ont augmenté en début de saison. La fédération intègre un observatoire pour comprendre et chercher des solutions.

Les populations de sangliers progressent partout. Le constat est indéniable. Pourquoi ? Là, c’est le flou. Les hypothèses sont légion mais, pour les certitudes, il faudra encore attendre ! Ce qui ne fait évidemment pas l’affaire des gestionnaires des territoires. « On semblait bien maîtriser nos populations depuis quelques temps », constate le directeur de la fédération, Maxence Ronchi. « On avait fait encore des prélèvements record, grâce en particulier au classement nuisible du sanglier en mars.

Mais tout s’écroule. L’importante fructification forestière de la saison dernière a boosté les naissances. Et cette saison le mauvais temps a retardé la levée du maïs alors que la nourriture en forêt chutait fortement. Évidemment, les dégâts sont en hausse. On est passé de 1ha de semis de maïs détruits l’an dernier à 164 ha cette saison ». Les prairies sont aussi malmenées, 117 ha détruits contre 90 l’an dernier. « La facture sera lourde ! ».

L’étude des laies
Pour, sinon tout comprendre, du moins apprendre pour prévenir, la fédération a intégré un observatoire constitué par l’ONCFS avec l’ONF et les fédérations dans plusieurs départements. En Vienne l’étude porte sur le milieu ouvert, celui de la forêt de Moulière, et durera trois saisons. Comme pour d’autres espèces, on va travailler sur les ICE, les indices de changements écologiques. « Avec la domaniale, les chasses privées et les ACCA, on étudie les animaux prélevés », explique Bruno Denjean, le technicien chargé du dossier. « La saison dernière, 250 sangliers ont été étudiés (poids, âge, etc.) avec, surtout, les tractus de 49 laies de plus de 25 kg. 21 étaient gestantes et elles portaient 126 embryons ». Cette saison les prélèvements continuent. « Les territoires jouent bien le jeu et on peut récolter toutes les données nécessaires ».

Glands et châtaignes
Gros travail aussi en forêt. « Avec Maxime Felder de l’ONF, on étudie l’état de la fructification forestière. L’an dernier, la glandée était répertoriée forte. Cette année elle sera faible. On étudiera aussi la saison prochaine les châtaigniers », explique Bruno Denjean. On va pouvoir étudier ainsi, le rapport entre l’état de la glandée et la reproduction. « Il semble que ce soit elle qui déclenche la mise en chaleur des laies et, quand elle est forte, on peut avoir jusqu’à deux portées par an. Si elle est faible, il y auto-régulation, destruction des foetus ». « Il y a de très gros spécimens mais aussi une multitude de petits », constate Jean-Pierre Cariot, l’un des chasseurs qui collabore avec la FDC sur cette étude. Confirmation du rapport glandée – reproduction donc. « Si ces données se confirment, on pourra être plus réactifs à l’avenir, alerter très tôt les sociétaires sur le danger potentiel », souligne Maxence Ronchi.

Bernard Billy

Les pattes de faons à la loupe

Quelques nouveautés pour les chasseurs de gros gibiers en ce début de saison.

Les méthodes de gestion évoluent. Forts des expériences menées sur toute la France, on évalue différemment les populations de cervidés. Déjà, une nouvelle forme de comptages a été mise en place ce printemps. Les techniciens, accompagnés de nombreux chasseurs locaux, ont effectué un parcours prédéfini quatre soirs de suite, phares à la main. Une opération qui sera reconduite tout les ans. Des placettes de 1 m2 ont été aussi répertoriées et les techniciens iront y relever les signes d’abroutissement des grands animaux. Les chasseurs sont également mis à contribution sur le terrain. Ils doivent en effet maintenant prélever une patte arrière du faon qu’ils viennent de tuer pour qu’il soit mesuré. « Tous les gestionnaires ont reçu une poche spéciale avec leur carton d’attribution », explique le directeur, Maxence Ronchi.

Les chasseurs sont encore invités à peser les animaux qu’ils prélèvent. L’ensemble de ces données permettra de suivre l’évolution des Indices de Changement Ecologique (ICE) qui serviront à déterminer les attributions pour les prochaines saisons. « Nous allons faire des réunions d’information pour expliquer comment bien prélever ces pattes de faons, mais aussi et surtout, les buts de cette opération, impliquer les gens au maximum », souligne Maxence Ronchi.

Simplifications
Cette ouverture est aussi l’occasion de la mise en place d’un certain nombre de mesures de simplifications des règlements voulues par le conseil d’administration. La plus appréciée des responsables sera sans doute la suppression de l’obligation du ticket de traçabilité de la venaison pour les chasseurs. Maintenant, les titulaires de leur permis validé pourront repartir de la battue avec un morceau de venaison sans autre procédure. Une décision valable pour les cervidés mais aussi pour les sangliers, chevreuils. Par contre, offrir un morceau à un non chasseur nécessitera toujours de remplir le fameux ticket, qui restera également obligatoire en dehors de la période d’ouverture de la chasse.

Simplification aussi pour l’organisation des battues aux sangliers. Hier, il fallait être obligatoirement en possession d’un bracelet pour le déclenchement d’une battue. Lorsque l’on constatait, par exemple, l’entrée d’animaux dans un champ de maïs, il fallait d’abord aller chercher le fameux bracelet avant d’engager la battue. Aujourd’hui, on pourra chasser d’abord. Si un animal est prélevé, il faudra bien sûr toujours apposer un bracelet avant tout déplacement, mais la durée d’intervention ne pénalisera plus l’efficacité de la chasse. « Ils ne sont pas nominatifs, ils sont échangeables. Le responsable peut donc faire appel à un voisin pour obtenir un bracelet », souligne le directeur. Une simplification qui sera appréciée.

Bernard Billy

30 000 hectares pour le faisan

Les services techniques tablent sur le faisan pour relancer la chasse du petit gibier dans le Montmorillonnais. (…)

 

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Sangliers : un effort constant

La recrudescence des dégâts, sur les semis de maïs principalement, rappelle aux chasseurs ce printemps qu’il ne faut pas baisser la garde face aux sangliers. Mais la prise de conscience de tous est bien réelle.

« L’effort des territoires est constant », souligne Maxence Ronchi, le directeur de la fédération. « L’été dernier, en raison de la sécheresse, les prélèvements furent plus difficiles en début de saison, mais les battues de mars ont compensé cette perte initiale ». 118 bracelets sangliers ont en effet été bouclés en mars soit 20 % du prélèvement annuel.

Cervidés : des comptages tous les ans

En comptant les animaux au phare, quatre soirs de suite, tous les ans et toujours sur le même circuit, on aura une meilleure connaissance de l’état des populations.

Olivier Donguy est le nouveau responsable de la commission grand gibier de la Fédération. Il succède à ce poste à Jean Bernardeau, trop tôt disparu. Dès sa prise de fonction, il a poursuivi l’action engagée par son prédécesseur en matière d’harmonisation des pratiques de comptage des cervidés sur le département. « Nos anciennes méthodes sont apparues dépassées. On tentait de compter tous les animaux, mais, au final, on avait jusqu’à 60 % d’erreurs. On s’est donc intéressés à la méthode mise en place par l’ONCFS et qui s’appuie sur 25 ans d’expérience, l’étude par ICE, les Indices de Croissance Ecologique. Elle est testée depuis cinq ans sur le massif de Moulière et les résultats sont très positifs. On va l’appliquer sur tout le département ». Les massifs 9 (Montmorillonnais) et 10 (Civraisien) sont concernés depuis cette année. Les autres vont suivre. « Ce que l’on recherche maintenant c’est savoir si les populations de « grandes pattes » sur un massif sont en croissance, stagnent ou régressent », précise le responsable de la commission. Il y a toujours le comptage traditionnel au phare sur un parcours donné validé par l’ONCFS , « mais on le fait maintenant quatre soirs de suite et, surtout, tous les ans. On aura une très bonne idée de l’évolution de la situation ».

Les pattes des faons
Une démarche qui peut paraître contraignante. « C’est au contraire l’occasion de faire participer un maximum de gens de son territoire lors de ces comptages. Et ils apprécient d’être à la fois responsabilisés et d’avoir la joie d’admirer de très nombreux animaux ». La Fédération se donne deux à trois ans maximum pour mettre en place ces comptages sur l’ensemble du département.

Autre élément déterminant du système, la récupération des pattes arrière des faons. Elles sont mesurées ce qui permet d’avoir une indication importante sur la capacité d’accueil du territoire. « Si la longueur augmente, c’est la preuve que le territoire peut accueillir un plus grand nombre d’animaux. À l’inverse, si les longueurs de pattes diminuent, démontrant une carence, on doit réduire les populations, augmenter donc les attributions. C’est simple ». Dès la saison prochaine, ces pattes de faons seront répertoriées et sur l’ensemble de la Vienne.

Dernier indicateur, la détermination de placettes de 1 m2 où les techniciens iront relever les signes d’abroutissement des grands animaux. L’évolution des dégâts servira aussi à la prise de décision pour le plan de chasse. 1 810 cervidés ont été attribués la saison dernière et on travaille déjà pour 2019-2020. Deux techniciens ont été déjà formés aux techniques de l’ICE et les autres le seront rapidement. Pour le suivi des chevreuils, le même système d’ICE sera mis en place. Pour le sanglier par contre, on doit pour l’instant se contenter de suivre l’évolution des prélèvements. « On vivait depuis plusieurs saisons une croissance sensible. La hausse semble enfin arrêtée ou, du moins, bien freinée. Mais il faut rester mobilisés pour réduire les dégâts ».

Bernard Billy