Les chasseurs aident à replanter des haies

Un programme triennal est mené en partenariat avec les agriculteurs d’Agro Réseau 64. Onze communes bénéficient d’ores-et-déjà de plantations.

« La biodiversité est une histoire complexe d’interactions de dynamiques entre la nature et l’homme « , soulignait Pierre Dubreuil, directeur général de l’Office Français de la biodiversité, lors de sa prise de fonctions en 2020. « Force est de constater que l’homme a bouleversé ces équilibres. Il est une cause de ces dérèglements mais aussi une solution parce qu’il doit, par son action, rétablir des équilibres ». La Fédération des chasseurs (FDC 64) applique à la lettre ces observations et travaille sans relâche à la préservation de la faune et de la flore.

En partenariat avec les agriculteurs d’Agro Réseau 64, les chasseurs s’investissent dans la plantation de haies dans le cadre de l’écocontribution voulue par la loi chasse du 24 juillet 2019. « Ce texte a donné lieu à la création d’un fonds alimenté par 5 euros prélevés sur chaque permis et abondé par l’État à concurrence de 10 euros par chasseur. Cela permet de financer les projets, explique Christian Péboscq, directeur adjoint de la FDC 64. En 2020, nous avons fait le choix de présenter des projets sur la  plantation de haies car nous considérons que ce sont des aménagements pérennes ».

Pour trouver des parcelles susceptibles d’accueillir des linéaires de haies, la FDC 64 a donc sollicité l’association Agro Réseau 64, émanation de la Chambre d’agriculture. Onze projets de plantations1 représentant 6,5 km de haies ont rapidement vu le jour et ont été validés sans difficulté par l’OFB. Mais il a fallu patienter jusqu’au printemps 2021 pour mener une action concrète sur le terrain. « L’hiver a été très pluvieux et nous n’avons pas pu planter avant le mois de mars », note Christian Péboscq.

Les lycéens en renfort
Les travaux sont réalisés avec l’entreprise d’insertion Pépinières Environnement de Serres-Castet et avec les lycées agricoles du département. Les élèves de Bac pro et BTS, dont les élèves du lycée agricole d’Orthez ont participé à une plantation à Baigts-de Béarn et une classe de BTS du lycée de Saint-Palais a été sollicitée à Araux sur la propriété de Jean-Marc Couturejuzon, président d’Agro Réseau 64 jusqu’en janvier dernier. « Depuis une trentaine d’années, les chasseurs créent et entretiennent des jachères faune sauvage, des jachères fleuries et plantent des haies pour favoriser le cycle biologique de la petite faune de plaine que sont les insectes, les oiseaux et les petits mammifères », observe encore Christian Péboscq.

Les plantations de haies composées d’essences à haut-jets (châtaignier, chêne, tilleul), d’arbres moyens jets (érable champêtre, fruitiers, boileau) et à bas jets (noisetier, troène, fusain) forment des rideaux brise-vent. « Cela permet de réduire l’érosion des sols et constitue un abri pour le bétail en période estivale. Chaque agriculteur a sa motivation. La Fédération des chasseurs prend en charge les plants, la protection et la plantation. L’agriculteur a la charge de la préparation du lit de plantation du sol ainsi que le paillage et l’arrosage des plants pour assurer leur croissance. »

1 – Les communes concernées sont : Araux, Aydie, Baigts-de-Béarn, Bastanès, Bergouey-Viellenave, Crousseilles, Gurs, Lascalveries, Montaner, Ogenne-Camptort, Tadousse-Ussau.

(Jean-Michel DESPLOS – Chasseur en Nouvelle-Aquitaine n°17)

Programme Poctefa-Habios : la reconquête du Grand tétras

La Fédération travaille pour la préservation des galliformes de montagne et en particulier sur la mise en valeur et le suivi d’un oiseau emblématique : le Grand tétras.

Ces dernières années, le Grand tétras a suscité une certaine inquiétude auprès des techniciens scientifiques et du monde cynégétique qui assurent le suivi de la faune sauvage dans nos montagnes. Sa raréfaction est cependant loin d’être une fatalité. C’est la raison pour laquelle la Fédération des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques a mis en place plusieurs actions en faveur de la préservation de l’espèce dans le cadre du programme européen POCTEFA (Programme Opérationnel de Coopération Territoriale Espagne-France-Andorre) et du projet HABIOS (Habitat de l’Avifaune Bio indicatrice) dont le but est de protéger et améliorer la qualité des écosystèmes pyrénéens sur les deux versants du massif et de mener un plan d’actions sur les galliformes de montagne (perdrix grise, Grand tétras, lagopède alpin, les pics noirs à dos blanc et la chouette de tengmalm).

Biodiversité : préserver l’environnement

La Fédération travaille sur l’aménagement des milieux naturels en partenariat avec Agro Réseau 64. Cette action va être menée dans le cadre du projet régional Eco Contribution.

Recréer de la biodiversité. Tel est l’enjeu des Fédérations départementales de chasseurs pour les années à venir. Dans un contexte nouveau, avec la naissance de l’Office français de la biodiversité (OFB) depuis le 1er janvier 2020, les chasseurs vont devoir s’impliquer toujours davantage dans le domaine de l’environnement. Jusqu’à maintenant, ils n’étaient pas en reste, n’en déplaise à certains détracteurs. Car les chasseurs ont toujours œuvré bénévolement pour l’entretien d’habitats favorables à la biodiversité.

Grand gibier : valoriser la venaison

Les prélèvements de sangliers et de chevreuils sont en constante augmentation. Les chasseurs peinent parfois à écouler la venaison. La fédération souhaite structurer une filière de valorisation locale de la viande.

Augmenter les plans de chasse, multiplier les battues pour tenter d’endiguer les dégâts sur les cultures. Prélever toujours plus de sangliers et chevreuils et arriver à un constat : des tableaux qui progressent sans cesse ces dernières années dans les Pyrénées-Atlantiques comme ailleurs. Avec des chasseurs sollicités comme ils ne l’ont jamais été, le loisir est parfois à la limite de la corvée. D’autant qu’une fois prélevé le gibier doit être placé dans une chambre froide, dépecé et traité par ces mêmes chasseurs pour être ensuite donné ou vendu. Une formation à l’hygiène de la venaison est à cet égard dispensée aux chasseurs qui le souhaitent pour être en parfaite conformité avec la réglementation européenne en matière de sécurité sanitaire. Il est en effet indispensable de savoir analyser le gibier tué à la chasse pour s’assurer de son parfait état sanitaire.

Collecte des cartouches

C’est désormais un réflexe bien ancré chez les chasseurs : ramasser ses cartouches après avoir tiré. Depuis plusieurs saisons maintenant, le chasseur est invité à conserver ses cartouches et à les porter ensuite à son ACCA ou sa société qui les achemine dans un des points de collecte avant que le tout soit recyclé. Les chasseurs démontrent ainsi qu’ils sont de vrais acteurs de la protection de l’environnement en réalisant un geste éco-citoyen. Pour la saison 2019-2020, les sacs seront récoltés en trois points du département le 27 mars 2020 à La Saligue aux oiseaux à Biron, chez Suez Environnement à Bayonne-Mouguerre et chez Suez Environnement à Pau-Lons. Il est aussi possible de les ramener au local des piégeurs, près de Sauveterre, lors des permanences mensuelles.

La palombe « urbaine » fait des dégâts

De plus en plus d’oiseaux se fixent et se reproduisent autour des villes. Ces populations sédentaires font des dégâts sur les cultures. Sensible au problème, la Fédération des chasseurs mène une étude et a mis en place des mesures pour éloigner les palombes devenues indésirables.

Le préfet du département comme ailleurs dans le Grand Sud a pris des mesures drastiques et signé un arrêté classant la palombe parmi les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD). La décision est intervenue après que quelques agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques ont tiré la sonnette d’alarme face à l’ampleur des dégâts sur leurs cultures d’oléagineux. Car ici, comme un peu partout au sud de la Loire, l’oiseau bleu a pris ses quartiers dans et autour des villes. « Depuis quelques années avec le réchauffement climatique et l’évolution des pratiques agricoles nous observons de moins en moins de jours de migration et de plus en plus d’hivernage et de sédentarisation », confie Lionel Daguerre, technicien à la FDC64. « L’installation et le développement de ces oiseaux en zone périurbaine cause de sérieux problèmes aux producteurs de soja ou de tournesol. C’est pour cela que notre Fédération, en partenariat avec l’administration, propose des outils afin de les éloigner des parcelles attaquées ».

Deux oiseaux suivis avec des balises
Autour de la région paloise, 43 communes ont ainsi vu en 2018 la palombe inscrite parmi les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts. Une vingtaine d’agriculteurs ont sollicité la Fédération des chasseurs afin que soient installés des cerfs-volants ou des fusées crépitantes à proximité de leurs champs. En 2019, quatre agriculteurs qui, malgré l’effarouchement, voyaient toujours leurs récoltes attaquées, ont fait une demande de tir de destruction individuelle. Parallèlement, le service technique de la FDC64 a lancé une étude sur le comportement des palombes sédentaires. Pour tenter de comprendre leurs mouvements, deux d’entre elles ont été capturées au mois de juin dernier et sont équipées de balises VHF. « C’est du radio-tracking, explique Lionel Daguerre. Chaque oiseau a un numéro de fréquence. Nous sommes limités par la distance mais elles évoluent dans un rayon de 2 à 3 km ». D’ores et déjà, le suivi a permis de déterminer que l’une des palombes a participé à la reproduction à moins de 800 mètres de sa zone de capture et que l’autre a passé des journées entières dans des parcelles de d’avoine et de blé en compagnie de 200 congénères à un kilomètre du lieu où elle a été équipée. « Cette étude va nous permettre de déterminer si elles sont fidèles aux mêmes parcelles comme elles le sont pour les zones de nidification, explique Lionel Daguerre. Utilisentelles toujours les mêmes milieux ? Existe-t-il une hiérarchie alimentaire qui diffuse les jeunes oiseaux sur d’autres parcelles ? Y-a-t-il une stratégie alimentaire ? Comment les oiseaux réagissent-ils aux méthodes d’effarouchement ? Comment fonctionnent- ils en ville ? ». Sur la zone au nord de Pau, ils trouvent toutes les conditions favorables pour s’alimenter ainsi que de nombreux parcs et jardins pour y construire un nid et élever des jeunes. « Juju » et « JPD », c’est ainsi qu’ont été baptisées les deux palombes équipées de balises. Elles ont
été capturées à l’aide de filets d’une superficie de 24 m2 posés au sol dans le jardin d’un particulier aux portes de Pau et sur une parcelle de Soja, à Lescar. L’opération a été menée entre le 14 mai et le 1er juillet et a également permis de baguer six oiseaux.

L’opération reconduite en 2020
La technique du filet nécessite une présence constante d’un technicien sur le site car les palombes ont des rythmes d’activités variant d’une journée à l’autre en fonction des conditions météorologiques ainsi que de l’avancement de la période de reproduction et des cultures. « Sur les parcelles de soja, les captures sont beaucoup plus compliquées en raison de la taille des champs et de la rapidité de levée des plantules devenues au bout de quelques jours moins appétentes pour les oiseaux ». Les techniciens savent déjà que les oiseaux bagués au nid sur l’axe migratoire quittent leur zone de nidification et se laissent entraîner par l’effet de vague. « Ils sont pris par le mouvement, on en a retrouvé à 200 kilomètres ». Qu’en sera-t-il de « Juju » et « JPD » lors de la prochaine migration ? Mystère. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’en 2020 l’opération de capture et de marquage sera reconduite. Mais au printemps, en mars ou avril, période plus propice en début de reproduction. Les palombes sont alors regroupées, à la recherche de nourriture. « Cette année, en raison des autorisations de capture parvenues tardivement notre travail a été plus compliqué », conclut Lionel Daguerre.

Jean-Michel Desplos

Education : l’éveil à la nature

La Fédération des chasseurs a poussé la porte des établissements scolaires du département pour s’adresser aux plus jeunes. Une immersion  pédagogique au cœur de la faune et la flore. (…)

 

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Endiguer la chute des permis

La Fédération veut comprendre pourquoi le nombre de validations de permis diminue. Une étudiante de l’université de Pau-Anglet a planché sur le sujet dans le cadre d’un travail pédagogique. Enrichissant… ()

 

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Plantation d’un verger conservatoire

Le projet de création d’un verger conservatoire sur le site de La Saligue aux oiseaux à Castétis-Biron, a vu le jour.

Le 11 décembre 2018, cinquante arbres ont été plantés grâce à l’appui technique et logistique de la société « mains vertes au verger » qui a fourni les plants de variétés anciennes mais aussi grâce à l’aide précieuse des élèves des classes de seconde du lycée agricole d’Orthez. « Ce verger conservatoire et pédagogique constituera un réservoir de biodiversité très intéressant en faveur des insectes pollinisateurs car il est situé sur le corridor écologique du gave de Pau, observe Christian péboscq, chargé de mission à la FDC64. Un essaim d’abeilles sauvages est déjà installé, d’autres pourraient suivre prochainement.

Le site se veut également patrimonial et dédié à la conservation et à la mise en valeur de variétés fruitières anciennes. Enfin, ce verger s’intégrera dans un ensemble plus vaste à vocation pédagogique comprenant un point d’accueil dans la maison de La Saligue et l’aménagement d’un sentier dédié à la connaissance et à la mise en valeur du patrimoine naturel à destination des scolaires et du public.

La plantation du verger a reçu le soutien du Département des Pyrénées-Atlantiques et de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’appel à projet régional pollinisateurs trame verte et bleue en faveur de la biodiversité.

Jean-Michel Desplos

Bécasse : préserver l’avenir

La Mordorée suscite la passion de nombreux chasseurs. Mais face à cet engouement, il est nécessaire de gérer les populations et d’adopter des mesures spécifiques. La Fédération s’engage.

À la veille de chaque saison, les mêmes interrogations reviennent : quelles sont les prévisions d’abondance pour la bécasse des bois ? Va-t-il ou non y avoir une bonne migration dans les Pyrénées-Atlantiques? Quand les oiseaux vont-ils arriver ? En 2017- 2018, les chasseurs du département se sont fait plaisir. Plus de 20 000 bécasses garnissent le tableau après analyse des carnets de prélèvements, soit près de 10 % de plus que la saison précédente.

Les Pyrénées-Atlantiques ont bénéficié de nombreuses boutées assez tôt dans la saison car les conditions d’accueil étaient favorables. « Nous avons eu une bonne saison », confie Michel Aso, administrateur de la Fédération. « Nous avons bénéficié d’oiseaux que l’on n’aurait pas dû avoir », estime le technicien David Achéritogaray. « Il y a eu un gros déficit hydrique dans toutes les régions du sud-est de la France. Les bécasses ont déserté leurs quartiers d’hivernage habituels pour se rapprocher des zones plus humides du grand Sud-Ouest tandis qu’au même moment la neige avait déjà fait son apparition dans le Massif Central ». 62,6 % des carnets de prélèvements sur les 7 700 délivrés ont été restitués à la Fédération. Un résultat excellent par rapport à la moyenne nationale. « Sur les carnets non retournés, on en prend 300 et on appelle les chasseurs pour savoir ce qu’ils ont vu et pris », dit Michel Aso. « Souvent ce sont des chasseurs qui ont deux ou trois bécasses dans la saison. Ceux-là égarent le carnet dans la poche de leur veste. C’est plus de l’oubli que de la négligence ».

Un déficit de juvéniles
Comme ailleurs, les responsables cynégétiques des PA brandissent la menace de la non délivrance d’un carnet la saison suivante en cas de non retour. Ils invitent les chasseurs « tête en l’air » à se justifier par lettre afin d’expliquer les raisons de ce non-retour et leur motivation pour la chasse de l’oiseau mythique. « L’année d’après, ils y pensent », renchérit Michel Aso. Car la Fédération fait le nécessaire pour informer les chasseurs sur la nécessité du retour du carnet : envoie de SMS après la fermeture au 20 février et piqûre de rappel au mois de mai.

Une grande majorité de chasseurs a bien compris que la gestion de la bécasse passe inévitablement par le retour des carnets. «Il y a un fort intérêt pour la bécasse pour les chasseurs au chien d’arrêt », reconnaît encore Michel Aso. Dans les Pyrénées-Atlantiques, le prélèvement maximal autorisé (PMA) est de 2 oiseaux par jour, 6 par semaine et bien entendu, 30 pour la totalité de la saison. Si la saison dernière a été bonne pour les chasseurs, en revanche, l’âge ratio des bécasses prélevées a soulevé des interrogations. « Dans une saison normale, nous sommes aux alentours de 60-70 % de juvéniles alors que nous étions autour de 57 % », constate l’administrateur. « Il y avait beaucoup d’adultes. Ces résultats nous font un peu peur pour la saison en cours et les prochaines. Sachant que la bécasse est fidèle à sa zone d’hivernage, on a des craintes ».

Responsabiliser les chasseurs
Le Réseau bécasse composé d’une trentaine de chasseurs et de techniciens fournit des renseignements sur l’espèce tout au long de la saison. Réuni au début de l’été dernier, le Réseau a fait une analyse fine des données recueillies et émis, pour le futur proche, le souhait de suspendre la chasse deux jours par semaine et de descendre le PMA hebdomadaire à trois oiseaux. «Nous allons prendre notre bâton de pèlerin en décembre et janvier et organiser quatre réunions en expliquant les données que nous obtenons à partir des trois mille bagues que nous avons posées ces dernières années », dit David Achéritogaray. « Il y a des mesures à prendre pour garder quelques bécasses adultes qui nous sont fidèles. Nous allons faire des propositions dans ce sens. Ensuite les chasseurs se détermineront », observe Michel Aso. In fine, la décision sera actée dans le futur schéma de gestion cynégétique départemental. « On a décidé d’être transparent », résume David Achéritogaray. « Il faut responsabiliser les chasseurs. Il y a plus de 40 départements en France qui appliquent des mesures de suspension de la chasse pour la bécasse», plaide Michel Aso. La saison 2018-2019 bat désormais son plein. Les chasseurs et leurs chiens sont pleins d’espoir.

Jean-Michel DESPLOS